Pearltrees, la Perliculture de vos Bookmarks

Description : "Ne voyant rien subsister de soi-même, ni structure, ni discours, qui ne soit l’effet entrelacé d’un précédent discours ou d’une précédente structure, (notre approche) conçoit la permanence comme une forme particulière du mouvement de construction du réel." Patrice Lamothe, PDG Pearltrees
Publié sur : Readwriteweb

« It’s rare to look at a bookmarking tool and feel convinced that it’s going to win a design award. »

Tels sont les mots que Dana Oshiro de Readwriteweb US utilisa pour décrire Pearltrees, l’outil de visual bookmarking made in Paris, qui a pour but de nous recommander du contenu en fonction de nos intérêts. Sur l’interface (Flash), chaque page bookmarkée est représentée par une bulle (appelée perle). Les utilisateurs organisent leurs perles en les rassemblant dans des dossiers de perles appelés Pearltrees. Le tout se controle en drag-n-drop. Pour initier le phénomène de découverte de contenu, il suffit de bookmarker des pages qui vous intéressent, et Pearltrees vous fera découvrir les matrices de perles dans lesquelles d’autres utilisateurs ont rangé ces mêmes pages. Pearltrees est une très jolie réalisation technologique et visuelle, mais la startup est confrontée à une mission de taille: Générer de l’intérêt autour de son réseau d’intérêt!

L’adoption de Pearltrees se déroule en trois etapes: Tout d’abord, vous devez installer des outils qui vous permettent de bookmarker facilement. Pour cela, Pearltrees propose une extension Firefox, ou un « Twitter sync », c’est-à-dire que vous connectez votre compte Twitter à Pearltrees, et Pearltrees bookmark automatiquement tous les liens que vous twittez (et il peut aussi twitter toutes les perles que vous générez). Les favoris Delicious peuvent aussi être importés. Les extensions Chrome et IE sont prévues pour très bientôt. Une fois que vous avez bookmarké quelques pages, rendez vous sur votre interface Pealrtrees, et organisez le tout en une arborescence de perles. Félicitations! vous êtes maintenant un « pearler », un éditeur du Web. La fonction première de Pearltrees, c’est d’organiser le contenu numérique qui vous entoure.

A côté de la perle centrale qui vous représente (elle contient votre avatar), il y a une petite bulle bleutée. Lorsque l’on clique dessus, une foule de petites perles représentant des utilisateurs viennent peupler l’interface. Ces utilisateurs partagent des intérêts en commun avec vous, et vous pouvez à partir de là decouvrir leurs colliers de perles. Pour collecter les perles qui vous intéresse, glissez-les dans le dropzone, et à partir de votre home, glissez-les dans les perles de votre choix. Cela signifie que Pearltrees vous met en relation avec d’autres individus (comme un réseau social), mais les connections se concrétisent réellement autour des perles/intérêts que vous avez en commun avec les autres pearlers. La fonction seconde de Pearltrees, c’est de créer des reseaux à centres d’intérêts.

Le big picture de Pearltrees, c’est l’intelligence collective qui émane d’une telle organisation humaine de l’information. Sur Pearltrees, tout est publique. Chaque perle possède son URL. On peut laisser un commentaire sur chacune d’entre elles. On peut aussi savoir qui est connecté à cette perle. On peut embed la perle dans un site Web. Les options de partage sur Twitter/Facebook sont aussi présentes. Je citais la manière d’importer des bookmarks Delicious, mais bientôt, Pearltrees sera compatible avec tous les autres formats de bookmarking, ce qui veut dire que nous pourrons importer et exporter tous nos bookmarks à volonté. L’équipe travaille aussi à la mise en place d’une API afin de faciliter la répétiton de ces opérations.

Parlons tout d’abord mobile: Lorsque l’on voit une telle interface, avec toutes ces perles qui flottent en apesanteur, on a plus envie de manier les perles manuellement plutot qu’à coups de clics. On s’imagine pas mal manier Pearltrees à partir d’un touch screen. Le problème pour le moment, c’est que le site est en Flash, alors que le geek de base roule en iPhone. Petite incompatibilité qui pourrait être résolue avec une application iPhone adaptée aux SDK d’Apple. Autre problème, la taille de l’écran, beaucoup trop réduite pour la gestion d’arborescences de contenus. Ce problème pourrait devenir de plus en plus secondaire avec l’arrivée des iPad et autres magazine-sized touch screens. « Pearler » à partir de ce type d’interface serait probablement à la portée de tous.

Parlons aussi référencement naturel: Sur Pearltrees, tout est publique, les perles ont toutes une url, et toutes ces perles représentent elles-mêmes une url ou un groupe d’url. Lorsque les crawlers de moteurs de recherche viennent dans Pearltrees, ils doivent y trouver une mine d’or en termes de contextualité. A l’image de l’utilisateur qui apprend à mieux connaitre un sujet en suivant des perles, le moteur de recherche peut en faire tout autant, afin de renforcer son savoir du Web (et de ses utilisateurs). Au fond, pour un moteur de recherche, Pearltrees n’est autre chose qu’un grand annuaire de pages Web categorisées et interlinkées. Cela ressemble à une opportunité en or pour tout professionnel du référencement naturel, vu que les liens Web sont maléables et contextualisables car associables à des matrices sémantiques. Pour éviter les abus, une perle ne peut pas contenir plus de 100 connections, ceci afin d’éviter les phénomènes de gravité autour des mêmes perles.

Je n’ai pu trouver qu’un type de page de resultats Google où Pearltrees semble assez fort pour le moment, c’est sur les noms de personnes, tels que Patrice Lamothe.

Patrice Lamothe est le co-fondateur et Pdg de Pearltrees. C’est aussi la personne qui a bien voulu me consacrer plus d’une heure à l’explication de son produit. Sur la question de la monétisation, Patrice explique qu’à priori un modèle publicitaire classique serait envisageable, sans exclure toute solution plus créative et appropriée à la spécificité de Pearltrees. Pearltrees a recolté un total de 2.5 millions d’euro auprès d’investisseurs dont les noms n’ont pas été communiqués: La startup peut donc rester zen durant la phase beta de son développement.

Pearltrees se développe au rythme de plusieurs updates par mois, et l’originalité de son approche de bookmarking lui a permis de se construire une bonne base d’utilisateurs (+20 000 à l’heure actuelle). La prochaine addition à la liste de fonctionnalités fera probablement parler quelques blogueurs: Le nouveau widget Pearltrees s’affichera en overlay sur la page Web dans laquelle il sera ouvert. De cette maniere, son insertion sera discrète, mais dès que l’utilisateur désirera interagir avec Pearltrees, une matrice de perles apparaitra pleine page sur fond transparent, nous invitant de la sorte à explorer de nouveaux tunnels d’intérêts sans jamais quitter la page d’accueil.

En 2006, Patrice Lamothe passait son MBA à l’INSEAD, et publia la thèse suivante: Comprendre le changement comme un processus de discussion. En survolant cette thèse, on comprend comment elle a été le declencheur de l’entreprise Pearltrees. Voici la conclusion de cette thèse:

« Unissant règles et arguments, l’approche que nous proposons ne sépare plus les organisations de leur culture, ni les institutions de leur évolution. Ne voyant rien subsister de soi-même, ni structure, ni discours, qui ne soit l’effet entrelacé d’un précédent discours ou d’une précédente structure, elle conçoit la permanence comme une forme particulière du mouvement de construction du réel. Ce renversement effectué, il lui est enfin possible d’articuler, de comparer et donc d’isoler les constantes observables du changement. »

Pour ceux qui se demandent encore à quoi Pearltrees sert, et comment l’outil se positionne dans son environnement compétitif, voici le lien vers une Pearltree qui répond aux deux questions à la fois.