Floride – une nouvelle loi contre l’anonymat en ligne ?

Une nouvelle loi proposée dans l'état de Floride vise à permettre l'identification de tout propriétaire de site sur base de suspicion d'hébergement illégal, plus besoin de preuves à l'appui.

Aux Etats-Unis, l’état de Floride est décidément très actif dans la lutte contre les libertés sur le Web. Une pétition circule en ce moment pour s’opposer à la loi « True Origin of Digital Goods Act » qui forcera tout propriétaire de site Web à déclarer ses nom et adresse si celui-ci est suspecté d’héberger des contenus copyrightés.

Cette loi s’attaque au principe d’anonymat lié à la liberté d’expression : en prétextant faciliter les démarches légales pour lutter contre l’hébergement de contenus illégaux, cette loi permettra à toute personne se sentant lésée par un site Web de faire révéler son identité et son adresse, et aini de l’assigner en justice, ne serait-ce que pour l’étouffer financièrement.

Le principe d’anonymat est une clé de voûte de la liberté d’expression : il permet la parole libre, le débat, le partage et la démocratisation du savoir. L’encyclopédie libre Wikipédia, le principal véhicule du savoir sur le Web, défend le principe d’anonymat en permettant à tous d’adopter un pseudo pour contribuer pleinement sur le site. Lorsque l’AFP publie des infos sensibles, ses articles ne sont pas signés. Sur Twitter, les utilisateurs sont tous sous pseudos, et le site de microblogging est très engagé dans la défense de l’anonymat de ses utilisateurs. De manière générale, hors Facebook, tous les sites sur le Web fonctionne avec un principe d’anonymat pour leurs utilisateurs, en leur proposant l’utilisation d’un pseudo plutôt que leur vrai nom. Les services de gestion de noms de domaine permettent également d’enregistrer des sites anonymement, c’est le cas depuis les premiers jours de l’interweb.

Avec la « True Origin of Digital Goods Act », l’état de Floride aura l’autorité d’exiger l’identité de n’importe quel internaute sans qu’aucun offense à la loi ne soit constatée, une suspicion suffira. Le Web serait-il le même si l’anonymat n’était plus là pour libérer nos ardeurs ?