Manifestation hologrammée, la manifestation du futur

Face à l'adoption d'une loi liberticide, une association espagnole a organisé la première manifestation d'hologrammes devant le parlement espagnol, une première mondiale, et un indicateur sur l'évolution de nos droits individuels et collectifs.

En Espagne aussi les citoyens ont leur lot de lois liberticides. Dernière en date, « la loi de protection de citoyens » rebaptisée la loi « Gag », qui, une fois passée en juillet 2015 (déjà votée par le parlement en mars 2015), interdira aux espagnols de protester devant le congrès, les réunions publiques seront passibles d’amende (jusqu’à 30 000 euros), et personne ne sera autorisé à manifester avant un accord préalable. D’autres mesures s’y ajoutent, comme l’interdiction de filmer des policiers, et la réforme du code pénal, voir des amendes s’élevant à 600 000 euros selon le trouble généré. Ces mesures restrictives ne sont pas du goût des Espagnols qui ont lancé une campagne en ligne, « Holograms for freedom ».

Sur le site www.hologramasporlalibertad.org, des opposants du monde entier ont été invités à exprimer leur opposition à cette nouvelle loi. Chaque message vidéo enregistré a ensuite été repris et diffusé lors de la première manifestation d’hologrammes au monde. Une manifestation virtuelle a également été filmée au préalable avec des centaines de manifestants. Du coup, le 10 avril 2015, sur la plaza de las Cortès, pendant 4 heures, 2 000 hologrammes ont défilé devant le parlement espagnol, reprenant la manifestation virtuelle produite et les vidéos uploadées par les opposants à la loi.

hologramme espagne manifestation

On a donc assisté à la première manifestation d’hologrammes, brandissant des panneaux « liberté d’expression », « non à la censure », ou encore « stop la répression ». Le procédé est coûteux, mais l’association « No somos delito » qui organisa ce coup de com a bénéficié du soutien financier de plusieurs sociétés de production ou d’une grande agence de communication.

Cet outil de contre-pouvoir résonne avec la volonté du peuple espagnol de préserver ses libertés individuelles et collectives. 82% des Espagnols interrogés se sont dit contre cette nouvelle loi, et même l’ONU a recommandé au gouvernement espagnol de ne pas donner de suite à ce projet de loi. Mais le gouvernement, profitant de sa majorité au parlement, fait la sourde oreille, et espère que sa prochaine loi permettra de ne plus avoir une telle opposition s’exprimer de la sorte.

Pour la police, il ne reste plus qu’à mettre au point une brigade d’intervention d’hologrammes pour réprimander ce nouvel outil d’expression démocratique 😉