Brexit : Gibraltar au centre des tensions

Le brexit est en marche depuis que Theresa May, Premier Ministre Britannique, l'a déclenché fin mars. Les négociations n'ont pas encore réellement commencé... mais le statut de Gibraltar fait déjà débat !

Le brexit est en marche depuis que Theresa May, Premier Ministre Britannique, l’a déclenché fin mars. Les négociations n’ont pas encore réellement commencé… mais le statut de Gibraltar fait déjà débat !

Gibraltar, un reliquat des guerres du XVIIIème siècle

Il peut sembler étrange qu’un rocher situé au sud de la péninsule ibérique soit sous l’autorité du Royaume-Uni. L’Espagne a d’ailleurs régulièrement contesté la souveraineté britannique sur ce territoire, lointaine conséquence au XXIème siècle des soubresauts du XVIIIème siècle…

Cette situation géopolitique particulière, et d’ailleurs unique en Europe, est en effet une conséquence de la guerre de Succession d’Espagne, qui vit l’Europe se déchirer lorsque Philippe V, petit-fils du roi français Louis XIV, monta sur le trône espagnol : l’Angleterre se vit reconnaître lors du Traité d’Utrecht, qui conclut cette guerre en 1713, la propriété de la péninsule gibraltarienne, et le drapeau britannique flotte depuis sur le rocher au grand dam de l’Espagne.

Un enjeu collatéral des négociations sur le Brexit

L’Espagne a d’ores et déjà fait monter la pression sur cette question sensible, puisqu’elle touche à l’intégrité de ce qu’elle considère comme son territoire national. Les contrôles à la frontière, légitimes dès maintenant puisque le Royaume-Uni n’est pas partie prenante du Traité de Schengen, ont été temporairement renforcés, en provoquant des embouteillages monstres et retardant d’autant les frontaliers espagnols se rendant pour travailler sur le rocher.

Ceci n’est cependant qu’un début, puisque l’Espagne a demandé (et pour l’instant obtenu) que les accords entre le Royaume-Uni et l’Europe négociés dans le cadre du Brexit ne s’appliquent pas à Gibraltar sans consentement explicite de l’Espagne. Le Rocher pourrait ainsi se retrouver plus isolé de l’Europe que l’Angleterre même, une situation particulière qui pourrait fragiliser ce petit territoire de 33 000 habitants, et, compte tenu de l’unanimité requise au niveau européen sur ce sujet, rien ne peut contraindre Madrid à changer sa position sur ce sujet.

Le veto espagnol pourrait ainsi être utilisé par Madrid comme un moyen de pression pour conduire à terme à l’abandon de la souveraineté britannique sur ce territoire, dont les espagnols espèrent toujours la rétrocession (comme ce fut le cas à la fin du siècle dernier pour Hong Kong, rendu aux chinois par les britanniques).