Guerre et télévision au Moyen-Orient : Assassinat de Saeed Karimian

Le producteur de télévision Saeed Karimian a été tué le 29 avril 2017. Ses productions avaient souvent été la source de conflit avec les autorités iraniennes.

Le producteur d’une chaîne de télévision iranienne ainsi que son associé ont été tués à Istanbul dans la soirée du 29 avril. Ils ont été abattus par deux hommes cagoulés, a rapporté l’agence de presse turque Dogan.

Fondateur de la chaîne par satellite GEM TV, Saeed Karimian et son associé ont été assassinés après qu’une Jeep ait barré la route à leur voiture et que deux hommes, le visage caché par une cagoule, en sont sortis et tiré plusieurs coups de feu. Les autorités turques ont retrouvé le corps sans vie de Saeed Karimian, l’autre victime a elle été transférée à l’hôpital où elle a plus tard succombé à ses blessures. Le véhicule incriminé a été retrouvé abandonné et incendié.

Un média au contenu occidental souvent condamné par le gouvernement

Les éléments actuels de l’enquête policière indiquent que la fusillade aurait été perpétrée à cause d’un conflit d’ordre financier où Saeed Karimian serait impliqué.

On peut en revanche noter que la chaîne GEM TV ainsi que son producteur ont été par le passé accusés d’agir en faveur d’une propagande pro-occidentale et en opposition à la république islamique.

Basée en Grande-Bretagne et tournant principalement en Turquie, cette chaîne, en plus de produire ses propres films et séries, diffuse des programmes étrangers généralement occidentaux et traduits en farsi pour le public iranien. De ce fait, GEM TV a plusieurs fois été qualifiée par les hautes autorités iraniennes comme un instrument de la guerre culturelle menée par l’Occident. De plus, Saeed Karimian a l’année dernière été condamné à six ans de prison par une cour de Téhéran pour avoir « agi contre la sécurité nationale » et mené une « propagande contre l’état ».

Sur Twitter, la guerre de l’information autour de ce meurtre fait rage :

Une agence de presse iranienne proche du gouvernement a également pointé la chaîne comme étant « le plus destructeur des médias anti-culture », alors qu’elle commentait l’assassinat.

Peuvent alors être soulevées des questions concernant les véritables motivations et acteurs de ce double meurtre, étant donné le danger que peut représenter le fait de diriger un média de masse allant parfois à l’encontre d’un régime autoritaire et ultra-conservateur.