Stocker ses données dans l’eau, c’est pour quand ?

Sharon Glotzer et David Pine, deux scientifiques américains, ont suscité l’engouement du monde scientifique en faisant une découverte susceptible de révolutionner le stockage de données digitales.

Nanoparticules et soft matter

Jusqu’ici, nous nous contentions d’ordonner en binaire nos données que ce soit dans des mémoires flash ou encore sur des petits plateaux. De la matière solide en somme. La matière molle, ou « soft matter » en anglais, pourrait entériner un nouveau paradigme de stockage de nos données. Plus concrètement, la méthode consiste à employer des nanoparticules en suspension dans de la matière souple ou un liquide et encodées en binaire. Suivant les variations de température induites, les nanoparticules ont tendance à s’assembler et à s’orienter différemment. Dès lors, selon ces mêmes chercheurs, il serait envisageable d’emmagasiner jusqu’à 1 terabyte dans l’équivalent d’une cuillère à soupe de matière souple.

Avant que les disques durs liquides ne puissent devenir une réalité tangible, il va falloir s’armer de patience. Les scientifiques se butent à des contraintes d’ordre purement physique. L’enjeu serait d’être en mesure de constituer un réseau mémoire en grappes et de l’introduire dans une grande quantité de liquide. Le succès de l’opération serait essentiellement déterminé par la forme du « cluster », cette molécule aquatechnologique qui en résulterait.

À l’heure actuelle, ces données ne sont lisibles qu’avec un microscope à balayage à effet tunnel. Si les disques durs ne sont pas encore à l’ordre du jour, il n’en reste pas moins que les clusters en question pourront être employés de bien des façons notamment dans la détection des polluants dans l’eau ou encore dans le domaine de l’ingénierie médicale.

Le cloud se dématérialise-t-il déjà ?

Dans un autre domaine, des chercheurs ont réussi à encoder une information dans l’ADN du tabac. Les possibilités semblent infinies. On peut se laisser aller à imaginer, que dans un futur proche, on pourrait stocker la discographie des Beatles ou le contenu de l’encyclopédie Wikipédia dans l’ADN des feuilles d’une plante.

La France, dans l’optique du « Cloud Computing », s’est effectivement dotée de fermes de serveurs qui ne sont ni plus ni moins qu’un agglomérat de serveurs informatiques interconnectés et surpuissants et qui de surcroît engrangent des frais exorbitants. Ces fermes ne peuvent que souffrir d’une obsolescence rapide au vu de l’accroissement exponentiel de donnés observé chaque année.

Cette nouvelle solution biologique ouvre effectivement le champ des possibles. Et pour cause, synthétiser et séquencer de l’ADN est devenu de moins en moins onéreux. Le séquençage d’ADN, plus précisément de 100 millions de paires de bases, a vu son coût diminuer de cent mille dollars à dix cents. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que les fermes de serveurs cèdent leur place à d’authentiques fermes de culture cellulaires, grâce à lesquelles nos données pourront être stockées via l’ADN cellulaire.