La musique en streaming, 7 ans de galère

Cela fait 7 ans que les sites de streaming modernes de musique ont fait leur apparition, une galère qui se poursuit encore aujourd'hui.

Si aujourd’hui les applications de streaming, l’écoute de musique en ligne et les plateformes de téléchargement légal payantes font partie de notre vie, ça n’a pas toujours été le cas, loin de là ! Alors que l’industrie du disque ne se portait pas au mieux, que les volumes de vente de CD musicaux ne faisaient que diminuer, il fallait trouver un moyen de vendre la musique, de réconcilier artistes et amateurs de musique, réinventer la façon de consommer. Malgré l’explosion du web et sa démocratisation, personne n’osait parier il y a dix ans, que les internautes accepteraient de payer pour avoir accès légalement à un catalogue musical. Nous allons voir comment des plateformes comme Spotify ou Deezer ont réussi à imposer leur modèle et à révolutionner la façon d’écouter de la musique en une petite dizaine d’années.

Les premiers sites de streaming font leur apparition

Si la technologie permettant le streaming est au point depuis le milieu des années 90, avec des formats comme RealAudio de la société RealNetworks (1995) ou encore QuickTime de la société Apple (1998), nous sommes encore loin des plateformes actuelles. La toute première plateforme à proposer l’accès à des titres musicaux en échange d’un abonnement est Rhapsody (2001). Viendront ensuite YouTube (orientée sur le partage de vidéo en ligne) et Yahoo ! Music en 2005.

Même si certains de ces sites rencontrent un certain succès, ce n’est pas un raz de marée. En 2007 Steve Jobs déclarait lors d’un entretien à Reuters « Il ne faut jamais dire jamais, mais les consommateurs ne semblent pas intéressés par le système d’abonnement du streaming musical ». Pourtant, cette même année voit l’apparition de l’un des deux futurs poids lourds du streaming musical : Deezer. Cette entreprise française a pour but de donner accès à la musique à ceux qui l’aiment. Deezer obtient les droits des titres distribués, et est alors entièrement gratuit, avant de proposer rapidement des offres d’abonnements payants. Quatre ans après son lancement, Deezer compte déjà 20 millions d’utilisateurs dont 1,4 millions d’abonnés payants.

L’année suivante, Spotify, le scandinave, fait à son tour son apparition. Dès octobre 2008, Spotify propose une inscription payante, avec tout de même des comptes gratuits, mais uniquement sur invitation. Si la société affichait plusieurs millions de pertes financières à ses débuts, sa situation s’est grandement améliorée aujourd’hui.

2012, l’arrivée des investisseurs !

Même s’ils comptent déjà de nombreux utilisateurs, les grands acteurs du streaming sont encore loin d’être profitables. Néanmoins, les investisseurs sentent le vent tourner et voient les possibilités de développement de ces services à l’avenir. La holding Access Industries, qui possède le label Warner, injecte 130 millions de dollars dans Deezer, tandis que Coca-Cola mise plutôt sur Spotify et met 10 millions sur la table.

Alors que les ventes de CD sont toujours en chute libre, le chiffre d’affaires du streaming ne cesse d’augmenter, avec une croissance à deux chiffres partout dans le monde. L’industrie du disque voit dont dans cette nouvelle façon de consommer la musique une occasion inespérée de se renouveler et de stopper l’hémorragie financière.

Le streaming commence à entrer dans les mœurs et Apple commence à se pencher sérieusement sur la question. Des négociations avec les différents labels musicaux sont entreprises avec pour objectif de créer un service dédié. Avec la montée en puissance du web et l’apparition des très hauts débits, le streaming vidéo fait également son apparition. Dans ce domaine, le poids lourd est américain et s’appelle Netflix, qui annonce cette année-là sa toute nouvelle disponibilité en France.

2015, l’année où tout bascule

Les volumes échangés en streaming dépassent pour la première fois ceux échangés en téléchargement. Plutôt de bonne augure non ? C’est tout de même le signe d’un succès. Le streaming représente désormais 16% des revenus de l’industrie musicale. Peut-on crier victoire pour autant ? Pas vraiment. En fait, malgré une croissance extrêmement rapide, le streaming ne parvient pas à compenser la baisse de revenus de l’industrie musicale. Malgré la baisse des ventes, les supports physiques (CD, DVD, vinyles) représentent encore 71% du marché. Avec les abonnements au streaming, on consomme plus de musique, tout en conservant un tarif mensuel fixe. Les revenus sont donc moindres et dilués avec les différents intermédiaires. Pour compenser cette différence de revenus, il faudrait multiplier par 5 au moins le nombre d’abonnés payants au streaming. Si le streaming est un immense succès auprès de ses utilisateurs, le bilan est plus mitigé pour les professionnels.

Le streaming est-il un modèle viable ?

En 2017, Spotify affiche toujours une croissance intéressante… mais également de lourdes pertes financières. Malgré l’augmentation du nombre d’utilisateurs, les pertes de Spotify ont plus que doublé par rapport à 2016. Même si l’apparition des plateformes de streaming a relancé la consommation musicale en berne depuis une quinzaine d’années, les pertes financières restent importantes et rien ne laisse penser que la tendance puisse s’inverser à court terme. Néanmoins, il faut garder espoir. Le nombre d’abonnés payants croît plus vite que les prévisions et les ventes augmentent en conséquence, avec une prévision de croissance de 50% cette année. Gageons que la croissance des ventes sera suffisante pour couvrir les frais de fonctionnement de ces plateformes, réduire les pertes, et garantir ainsi la pérennité de ces entreprises pour les années à venir.