L’architecture à l’heure de la réalité virtuelle

La réalité virtuelle et la réalité augmentée, développées au départ pour le jeu vidéo, intéressent de plus en plus d’architectes qui les utilisent dans leur activité.

Avec l’arrivée de la conception assistée par ordinateur (CAO), le métier d’architecte avait connu de grands bouleversements dans les années 80 à 90. Aujourd’hui la réalité virtuelle (RV) et la réalité augmentée (RA) représentent à la fois de nouvelles opportunités et un nouveau défi pour les architectes. De nombreux cabinets d’architecture se lancent aujourd’hui dans l’aventure de ces nouvelles technologies.

Pour l’architecte, la réalité virtuelle offre de nombreux avantages, voire des gains de temps, à toutes les étapes de son travail, de l’étape préalable du design à la présentation à son client, en passant par la planification de la construction et la correction des erreurs. Déjà en phase conceptuelle, la RV permet d’explorer les relations entre les espaces, l’impact de la lumière, les différents angles de vues à l’intérieur du bâtiment, et ce de façon très réaliste.
 

 
Côté client, la RV lui permet de visualiser très rapidement la maison ou les bureaux de ses rêves. Il peut plus rapidement réagir sur le projet et le faire évoluer à moindre coût pour l’architecte qui gagne ainsi un temps précieux.

Une démocratisation de la RV

Qui plus est, démarrer avec la RV peut se faire à un coût raisonnable. Les casques de réalité virtuelle comme l’Oculus Rift ou le HTC Vive sont accessibles pour un budget d’environ 1000 euros. Les logiciels offrant des environnements architecturaux se multiplient et se démocratisent, en présentant des alternatives peu onéreuses aux environnements plus anciens d’architecture et de construction en RV qui étaient créés à l’aide de puissantes plateformes comme WorldViz Vizard ou Virtalis Visionary.

Le moteur de jeux video Unreal Engine, par exemple, est accessible pour les architectes, de même qu’Autodesk Stingray. Très populaires également, Crytech et Unity sont très utilisés dans le secteur de l’architecture.

Cependant, la transposition d’un logiciel de CAO ou de MID (modélisation de données du bâtiment) dans un environnement RV nécessite une optimisation des programmes, et nombre d’architectes choisissent de recourir à des prestataires extérieurs.

Rendre la RV interactive nécessite également des compétences pointues, et des stations de travail très puissantes pour restituer les images en temps réel. Cela est d’autant plus vrai avec la réalité augmentée, qui mélange à un environnement réel des projections en 3D. Cette technologie est donc aujourd’hui réservée aux gros cabinets d’architectes, compte tenu de ses coûts. « La réalité augmentée est beaucoup plus intéressante que la réalité virtuelle, qui n’est qu’une simple reproduction artificielle de la réalité », explique Greg Lynn, le précurseur de la CAO au Monde.

En 2016, il a présenté à la Biennale de Venise un projet de rénovation d’une usine automobile désaffectée de Detroit. Le visiteur, équipé d’un casque, pouvait tout à la fois visiter le site actuel en vue plongeante, tout en visualisant la nouvelle construction à venir.

70 % des architectes testent la RA et la RV

Le Français Jean-Michel Wilmotte a mêlé réalités virtuelle et augmentée pour son projet de réaménagement des vingt kilomètres séparant Paris de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, permettant aux voyageurs de découvrir dès leur sortie du terminal une série de pavillons dédiés à des créateurs comme Chanel, Vuitton, et des cités de l’art ou de l’automobile. Même s’il reste attaché au dessin classique, Jean-Michel Wilmotte reconnaît que les supermaquettes obtenues grâce à la RA permettent de gagner du temps dans la conception.

Certains architectes expriment cependant des réserves sur l’utilisation de ces technologies. « Le risque est d’avoir des bâtiments pré-mâchés qui se ressemblent tous. Nous devons arriver à détourner ces logiciels pour retrouver notre propre langage » exprimait l’architecte Francis Soler au Monde.

Malgré cela, la percée de ces nouvelles technologies dans le métier d’architecte ne cesse de croître. Les architectes représentent aujourd’hui la majorité des étudiants venus se former au logiciel de réalité augmentée Unity 3D à l’école des Gobelins à Paris, une formation autrefois dédiée aux seuls graphistes et designers de jeux vidéo.

Selon une enquête de CGarchitect, près de 70 % des architectes utilisent ou testent la réalité virtuelle ou augmentée, ou prévoient de le faire. Il semble donc que ces technologies soient vouées à devenir incontournables dans le futur du métier d’architecte.
 
Photos : affinityvr.com