Des trésors spectaculaires dévoilés dans l’ancienne ville de Tenéa

Les archéologues ont déterré des bijoux, des vases en terre cuite, des pièces de monnaie, des sculptures et des salles de bains entières.

Le ministère de Culture grecque annonça de nouvelles découvertes dans la ville antique de Tenéa, datant du 1er siècle av. J.-C. jusqu’à la fin du troisième siècle de notre ère. Les archéologues ont déterré des bijoux, des vases en terre cuite, des pièces de monnaie, des sculptures et des salles de bains entières. Les fouilles de l’année dernière avaient déjà révélé des vestiges résidentiels ; cette année, de vastes installations de toilettes publiques ont été exposées.

Trois zones de bains chauds de l’époque romaine, avec une surface moyenne de 500 mètres carrés, ont été trouvées au site, avec quelques fragments de marbre et de mosaïque toujours présents. Le sol, aussi bien préservé, est en terre cuite, et dans certaines sections il maintient sa peinture rouge originale. Le système de réchauffement est composé d’un hypocauste et de corridors souterrains de praefurnium. Dans d’autres salles, plusieurs colonnes dont une capitale ionique et une capitale dorique ont été récupérées.

Un vieux puits de 15 mètres de profondeur a également été découvert au nord du complexe thermal. Près du puits, se trouvaient des figurines et des récipients miniatures à l’usage religieux, ainsi que des réceptacles contenant des huiles aromatiques, des statues de l’époque hellénique et des pièces de monnaie en argent et en bronze, datées de la période hellénistique à la période romaine. Les évidences pointent à que certains matériaux de construction provenant de l’époque archaïque et classique ont été réutilisés par les Romains. Les archéologues affirment que ces découvertes ne seraient que la toute petite pointe de l’iceberg.

Elena Korka, directrice générale honoraire du service d’archéologie au ministère de la Culture grecque, commença les fouilles en 2013 ; finalement, en octobre 2018, elle annonça la découverte officielle de Ténéa. Jusqu’à ce moment-là, aucune preuve concrète ne confirmait son existence, au-delà des références historiques et mythiques.

Fondée par des prisonniers troyens après la guerre de Troie, au XIIe ou XIIIe siècle avant notre ère, la ville de Tenéa ne fut pas affectée par l’occupation de la Grèce par les Romains en 146 avant J.-C, contrairement à sa voisine Corinthe. Elle prospéra sous l’Empire romain et connut une période de splendeur à l’époque de l’empereur Septime Sévère (193-211). Grâce au commerce, elle possédait une forte indépendance et, selon le philosophe Strabon, menait son propre gouvernement.

Tenéa est située sur une route clé entre les villes de Corinthe et Argos, au nord-ouest du Péloponnèse. Elle jouissait d’une position unique en tant que pont entre les cultures grecque et romaine, et vis-à-vis de l’Ouest comme de l’Est ; la relation étroite qu’elle a établie avec Syracuse, la colonie grecque fondée par Corinthe au VIIIe siècle avant J.-C, en est la preuve. Lors des invasions du roi gothique Alaric entre 396 et 397, Tenéa vécut un fort déclin, et fut abandonnée lors des invasions slaves, au VIe siècle après J.-C. Ses derniers habitants ont probablement fui dans les montagnes.

Les fouilles de l’année dernière révélèrent plus de 670 mètres carrés à étudier, y compris des tombes remplies d’urnes, de vases et de bijoux en or et en argent, faisant preuve d’une richesse qui dépasse les trésors de Corinthe. Les archéologues ont trouvé également un pot en céramique contenant les restes de deux fœtus humains, ce qui leur a permis de conclure qu’il s’agissait d’une zone résidentielle, étant donné que les Grecs enterraient les bébés près de leurs maisons et non pas dans les cimetières.

Selon la mythologie grecque, c’est à Tenéa que Polibo éleva Œdipe —le roi de Thèbes qui tua son père sans en être conscient et puis épousa sa propre mère— dans le palais d’été du roi de Corinthe.

Source de l’image : Ministère de Culture grecque