Mango mise sur la mode durable. Une nouvelle tendance ?

Le 25 octobre, la société espagnole Mango a rejoint 56 autres entreprises (y compris Inditex, Hermès, H&M, Nike et Adidas) engagées à travailler pour un secteur textile écologiquement responsable.

Imaginons, pour un instant, que serait de la mode dans un futur « durable ».

On trouverait surement les looks les plus éclectiques. D’un côté, les ados sortis d’un scénario de Blade Runner, habillés en PET recyclé, des « vêtements intelligents », ou même du camouflage. Les tenues traditionnelles seraient revalorisées et portées aussi naturellement que les vêtements les plus « hi-tech ». Le coton serait porté sans teinture et les fibres moins communes, comme le bambou, le soja ou le chanvre, seraient plus faciles à s’en procurer. D’autres recycleraient des vêtements de leurs grands-parents et arrière-grands-parents ou se renderaient exclusivement au tailleur échappant des grandes industries.

Face à ce futur possible, y aurait-il une place pour la fast fashion ? Les grandes compagnies sont prêtes à y parvenir.

Le 25 octobre, la société espagnole Mango a rejoint 56 autres entreprises (y compris Inditex, Hermès, Décathlon, H&M, Nike et Adidas) engagées à travailler pour un secteur textile écologiquement responsable.  Annoncé en août de cette année, le « Fashion Pact » pour un développement durable, par le président Emmanuel Macron, dans le cadre du G7. Effort bien nécessaire, étant donné que l’industrie de la mode est, selon plusieurs études, la deuxième la plus polluante de la planète, après celle du pétrole. L’idée d’une garde-robe écologique ne semble pas tirée par les cheveux, mais est-elle réalisable ?

Cette initiative promeut trois axes d’action : le changement climatique, les océans et la biodiversité. Il s’agit d’un engagement sans rattachement juridique, mais qui s’annonce comme un guide pour l’adoption de nouvelles stratégies ciblant à rendre la fast fashion durable.

Si bien aucune marque de slow ou fast fashion a réussi, pour le moment, à réduire son impact sur l’environnement jusqu’à zéro, des efforts sont dirigés à ce but. Cette année, dans le cadre de la Fashion Week de New York, des labels comme Gabriela Hearst et Gucci ont organisé des défilés « zéro carbone ». Mud Jeans, fondée par l’homme d’affaires canadien Bert van Son, est actuellement neutre en carbone. Elle utilise de 23 à 40% de denim recyclé, et des produits chimiques non toxiques.

De plus, des pratiques de transparence sont mises en œuvre par des usines comme les Blackhorse Lane Ateliers, à Londres, pendant que d’autres projets, comme le Hacking Couture, proposent démocratiser les procès de fabrication des vêtements. Les consommateurs conscients s’engagent dans le troc de vêtements, privilégient le commerce local ou deviennent des « prosommateurs » (producteurs-consommateurs). Dans les magasins, on tombe de plus en plus sur des termes comme « certification GOTS », « upcycling », « commerce équitable », « végan », « colorants à faible impact », « matériaux recyclés » … toute une terminologie pour s’habiller de façon éthique !

Si bien aujourd’hui c’est « trendy » d’être écologique, les efforts des « fashion brands » risquent d’être insuffisants. Les voix les plus critiques affirment qu’un développement durable ne peut pas être soutenu avec les niveaux actuels de production et de consommation. D’autres maintiennent que, même en réduisant la production à un rythme beaucoup plus modéré, la Terre serait toujours en risque.

Selon le rapport du « Regional Forum on Sustainable Development », publié par la Commission économique des Nations unies pour l’Europe (CEE-ONU), la production de textiles serait derrière environ 1.200 millions de tonnes de gaz par effet de serre, soit 6,7% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. De plus, 500 000 tonnes de fibres microplastiques sont déversées pendant le lavage des textiles à base plastique et finissent dans l’océan.

L’industrie de la mode est aussi responsable de 20% des rejets d’eaux usées et 22% des pesticides utilisés. Plus de 10 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire une seule paire de jeans, la même quantité d’eau consommée en moyenne par une personne en 10 ans. En outre, la CEE-ONU reporte aussi que l’industrie culture du coton représente 25% des insecticides et 11% des pesticides utilisés dans le monde.

La meilleure façon d’avoir un eco-garde-robe serait alors de ne plus acheter de vêtements ? De n’utiliser que ceux dont on dispose déjà ? Quel chemin pour une mode durable ?