La Russie, déconnectée de l’Internet avec succès

C’est le dernier chapitre dans une série de tests de déconnection que le gouvernement russe plane depuis des années.

La veille de Noël dernier, la Russie est parvenue à se séparer du réseau global avec succès pour la première fois. La nouvelle fut annoncée le même jour par les médias du pays, notamment Pravda et l’agence de l’état, Tass. C’est le dernier chapitre dans une série de tests de déconnection que le gouvernement russe plane depuis des années.

« Les résultats des tests ont montré qu’en général, les autorités et les fournisseurs sont prêts à répondre efficacement aux nouveaux risques et menaces », et que cela assurait « le fonctionnement stable de l’Internet et du réseau de télécommunications unifié de la fédération russe », déclarait le responsable des communications de ce pays, Alexei Sokolov.

D’après le même Ministère, les utilisateurs n’ont pas été déconnectés au cours des tests du système, qui est de plus programmé pour un déploiement en 2021. Cependant, des informations plus fines restent toujours dans le mystère.

Nommée « Runet » par les experts ainsi que par les médias russes, un net complètement indépendant serait plus semblable à un gigantesque Intranet où les accès aux sites et contenus sont contrôlés et approuvés (ou pas) par l’État russe ; tout comme si du réseau d’une très grande entreprise s’agissait.

Autrement dit, le gouvernement russe serait maintenant en toutes capacités de limiter les connections avec l’ensemble du réseau global Internet, même en employant les services VPN. Ceci implique le possible blocage des « nodes » et câbles sous-marins qui sont utilisés partout au monde. Un nombre limité d’ISP privés, et, au même temps, l’augmentation des fournisseurs des services internet détenus par l’État, pourraient également être des facteurs clés dans la construction d’un « Runet » soutenable et effectif.

À vrai dire, une véritable indépendance digitale russe pourrait arriver plus tard qu’attendu. De grands défis technologiques, économiques et même législatifs rendent plus difficile le déploiement d’un réseau de telle envergure qui puisse être à la fois fonctionnel et complètement souverain.

Tel est l’exemple des tests qui ont eu place en décembre ; originalement prévus en avril de cette même année, mais retardés de quelques mois pendant que le gouvernement russe s’efforçait à résoudre des difficultés techniques. Au même temps, les fonctionnaires de l’État procuraient que la loi qui garantissant la légalité de l’ « internet souverain » russe, passe aux chambres législatives.

Du côté financier, les conséquences d’un réseau télécom limité seraient sans doute importantes. Outre les échanges internationaux réalisés sur des plateformes d’origine américaine, d’après des estimations pour 2019, il existe un peu plus de 50 millions d’utilisateurs russes de Facebook et 40 millions en Instagram.

La Russie n’est cependant pas seule à chercher un recours alternatif au réseau utilisé par la plupart des internautes. Cette initiative suit l’exemple d’autres nations qui ont mis en marche des politiques similaires.

En Iran, par exemple, le Réseau d’information nationale, opéré par la Compagnie iranienne de télécommunications (détenue par l’État) censure et limite les contenus web qui passent à travers les serveurs de ce pays.

En Chine l’accès à une grande partie des sites web internationaux est bloquée par ce qui a été baptisé comme « Le grand coupe-feu chinois ». Les dénonces contre la liberté d’expression

Néanmoins, le contrôle du réseau chinois a aussi réussi à donner la poussée nécessaire aux compagnies nationales qui avaient perdu du terrain face aux grandes entreprises étrangères. Cette « reconquête digitale » c’est fait plus visible aux réseaux sociaux, où «WeChat », «Sina Weibo », et « QQ » (du géant informatique Tencent), offrent des services similaires à Facebook, Twitter et Instagram, respectivement. Même l’homogénéité Google est contestée en territoire oriental par « Baidu Tieba ». La plupart des plateformes américaines n’ont jamais pu s’introduire avec succès dans le pays oriental.

C’est peut-être pour cela que des alternatives russes au réseautage social, comme Vkontakte, avec 300 millions d’utilisateurs, ont été prises par des entreprises liées au Kremlin.

Justifiée comme un recours pour faire face aux cyberattaques et autres possibles atteintes contre la sécurité nationale en milieu digital, les analystes discutent si le « Runet » il ne s’agit aussi (ou plutôt) pas d’un nouvel plan du gouvernement russe pour faciliter la censure d’état.

Les efforts dirigés à ce chemin semblent, malheureusement, clairs.

Pour longtemps, le gouvernement de ce pays a fait des grands efforts pour limiter l’accès de sa population au service de messagerie Telegram. Hélas, tout a été en vain. Même bloqué en territoire russe depuis avril 2018, Telegram compte aujourd’hui avec 14 millions d’usagers dans la fédération.

Une nouvelle loi obligera l’installation au préalable d’un « logiciel russe » dans toute sorte de portable, ordinateur et smart TV vendu après juillet 2020, sans qu’aucun détail sur le programme soit précisé. Plus tôt cette année, Google a été forcé à supprimer certains résultats de son moteur de recherche, d’après les demandes du Kremlin. De plus, la Russie est aussi à mi-chemin de créer son propre Wikipédia, depuis que le président Poutine ait déclaré que la version du populaire site en langue russe était « peu fiable ».