Crise États-Unis – Iran : les premières réactions de l’Europe

Face à la crise entre les États-Unis et l'Iran, les gouvernements de l’Europe réagissent et appellent au calme.

La crise récente entre les États-Unis et l’Iran a provoqué les réactions de plusieurs gouvernements partout au monde. Les rapports entre ces deux pays sont recrudescence depuis l’attaque mortel contre le général Qasem Soleimani, figure militaire de grande importance dans la région, signalé par les États-Unis en tant qu’auteur de multiples attaques aux ambassades et bases militaires américaines en Moyen-Orient.

L’attaque a eu lieu à l’aéroport international de Bagdad, lorsqu’un drone américain frappait le transport de Qassem Soleimani, tuant le général et 10 autres personnes. Abou Mehdi al-Mohandes, numéro deux des Forces de mobilisation populaire irakiennes (Hacht Al-Chabi) se trouvait aussi entre les victimes. Presque immédiatement, l’Iran c’est manifesté à plusieurs reprises contre l’agression, réclamant un « acte de guerre » et une « violation flagrante à la souveraineté de l’Irak ». Depuis, le pays a déclaré ses intentions de répondre à l’attaque, sans préciser plus de détails sur son plan d’action.

Outre les menaces manifestées entre les deux nations, les gouvernements de l’Europe ont réagi avec un discours qui pourrait sembler homogène. Tout en reconnaissant les agressions de Soleimani dans la région, la plupart des nations européennes ont fait un appel au calme, malgré le cri américain pour  appliquer une « pression maximale » sur le gouvernement iranien.

La France fut le premier pays à communiquer ses inquiétudes à travers la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin, qui précisait dans un entretien avec RTL que le monde était devenu « plus dangereux » après l’assassinat du général de la force Al-Qods. De même manière, le président Emmanuel Macron appelait à « la retenue » pour « éviter une nouvelle escalade dangereuse » des tensions dans la région.

Une suite de déclarations de différents fonctionnaires européens a été diffusée dans les jours suivant l’attaque. Pendant que Dominic Raab, ministre britannique des Affaires étrangères rappelait que « la force iranienne Al Qods commandée par Qassem Soleimani représentait une menace agressive »,  Ulrike Demmer, porte-parole du gouvernement allemand justifiait l’action américaine en disant que celle-ci « était une réaction à une série de provocations militaires dont l’Iran est responsable ». Le premier continua en appelant « toutes les parties à la désescalade ». « Nous n’avons nul intérêt dans un conflit amplifié» continua-t-il.

Charles Michel, le président du Conseil européen demandait d’éviter « une nouvelle escalade à tout prix » » sans faire mention directe à l’assassinat de Soleimani. « Le cycle de violence, de provocations et de représailles auquel nous assistons en Irak ces dernières semaines doit cesser », ajouta-t-il.

C’est un scénario difficile pour les alliés européens des États-Unis, qui pourraient être pris entre les deux feux de Téhéran et de Washington.

Pour les pouvoirs en Europe, les accords nucléaires ont toujours été le sujet de débat le plus compliqué dans ses relations avec l’Iran. Avant la mort de Soleimani, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne étaient sur le point de porter plaindre à l’Iran en raison du non-respect des rubriques accordées. Maintenant, les négociations pourraient être en risque de s’effondrer complètement.

L’Europe avait aussi critiqué les sanctions américaines à l’Iran à plusieurs reprises, dans la mesure où elles pouvaient aggraver le bon développement des accords nucléaires avec le pays de Moyen-Orient. En mai 2018, les grands pouvoirs européens se manifestaient contre le retirée du gouvernement de Trump des accords de Vienne, signés entre l’Iran, l’Union européenne, l’Allemagne, la France le Royaume-Uni et la Russie.

Cependant, le ministre des affaires étrangères iranien, Abbas Mousavi se montrait « déçu » par le manque de pression internationale, notamment l’européenne, pour convaincre les États-Unis de retourner aux accords. « Le positionnement des pays européens n’est pas conforme aux intérêts de l’Iran. Au même temps, il paraît plus attaché aux demandes des États-Unis ». D’après lui, ces décisions ne seraient ni « constructives » ni « acceptables ».

Pour sa part, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, fut clair dans son avis sur les réactions des gouvernements de l’Europe. « Franchement, les européens ne se sont pas montrés aussi serviables qu’on l’ésperait », réclama-t-il. Contrairement, il parlait d’un support « fantastique » de la part de ses « partenaires dans la région », d’entre lesquels se trouvent l’Israël, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. « Les britanniques, allemands et français devraient bien comprendre que, ce que nous avons fait, ce que les américains ont fait, c’était aussi sauver des vies européennes », ajouta-t-il.

Cependant, après un entretien avec le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, les arguments du secrétaire américain semblaient avoir eu effet sur la position plus récente du gouvernement de la République.

De l’autre côté du conflit, à Bagdad, le Parlement irakien a voté contre la présence des troupes étrangères, notamment les américaines, mais aussi celles de toute nation participant aux opérations militaires en territoire iraquien. Ceci inclut plusieurs régiments d’origine européen. Au début de cette semaine, Trump commandait le déploiement de deux navires de guerre pour protéger les vaisseaux britanniques au Moyen-Orient.

D’après plusieurs analystes, la Russie et la Chine, seront censées participer aux efforts iraniens de riposte contre les États-Unis. Konstantin Kosachev, le responsable des affaires étrangères russes dit que l’action américaine était « une erreur » qui pourrait même signifier le développement de l’armement nucléaire iranien. Il estimait aussi que cette décision avait détruit la dernière chance conclure les accords de Vienne. De plus, quelques jours avant l’attaque, des exercices militaires conjoints avaient été menés ces trois pays.

Néanmoins, les experts indiquent aussi que n’importe quel type de réponse, celle-ci ne pourrait pas suivre la voie du conflit armé frontal, dû à la grande différence des capacités et infrastructures technologiques militaires entre le pays nordaméricain et l’Iran. Ce dernier sera certainement obligé à trouver d’autres formes de riposte, avec des stratégies asymétriques que le pays du monde arabe connait et gère bien.

L’Europe est maintenant en position de faire l’intermédiaire entre les deux pays en conflit et procurer une « désescalade » des tensions qui, en plus d’éviter des possibles pertes humaines, serait un but compris dans ses intérêts économiques dans la région.

Dimanche dernier, pendant que Donald Trump menaçait de bombarder l’Iran, Bruxelles a invité le ministre des affaires étrangères de ce pays, Mohammad Javad Zarif, pour une visite programmée pour mardi 7 janvier et censée à réduire apaiser les discussions. Aussi à Bruxelles, une rencontre extraordinaire sur la crise iranienne aura lieu vendredi 10, réunissant les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne.

Des grands efforts diplomatiques seront certainement nécessaires pour anéantir les violences et éviter ainsi un conflit à l’échelle mondiale.