L’Internet mis à l’épreuve par le Covid-19

Face à la crise sanitaire du Covid-19, la pression d'une très forte demande sur l’Internet commence à se manifester déjà.

Face au Covid-19, les restrictions de mobilité de la population et autres mesures de confinement affectent une énorme quantité de gens partout au monde. Ce fut la Chine dans un premier moment qui ordonna quarantainier les 60 millions d’habitants de la province du Hubei, y compris les onze millions de personnes à Wuhan, l’épicentre de la pandémie. À la suite, l’Italie a été forcée a mettre en place des mesures pareilles pour 16 000 000 de résidents de la région nord du pays. Puis la France et l’ensemble des pays de l’Europe se sont renfermés et paralysées.

Bien que dans le pays oriental le nombre d’infections se stabilise et la vie reprend son cours, aujourd’hui près des dizaines de millions de personnes dans le globe se retrouvent toujours cloîtrés à domicile. Les restrictions imposées par les gouvernements de chaque pays ont rendu le monde entier plus dépendant de l’internet pour se communiquer et divertir, mais aussi pour continuer ses études et activités professionnelles le plus possible.

Par conséquence, les plateformes de télétravail, téléconférences, jeux vidéo et plateformes streaming connaissent une demande presque inédite, qui met à preuve l’infrastructure du réseau mondial. Face à un scénario pareil, plusieurs craignent que le net ne puisse pas tenir une telle quantité d’utilisateurs en simultané et la pression d’une très forte demande sur l’Internet commence à se manifester déjà.

Le débit internet mondial affaibli

À la fin janvier, après que le gouvernement chinois ait mis en place les mesures de confinement pour le Hubei, le débit moyen national de la connexion Internet s’est affaibli dû à l’explosion dans le nombre d’utilisateurs. Dans cette région, la vitesse du réseau mobile s’est réduite à plus de la moitié, d’après les données de la compagnie Ookla. De même manière, des affectations dans le débit se sont présentées pour l’Europe et les pays de l’Amérique du Nord, Amérique du Sud, Asie et Océanie, dans la période comprise entre la première et la deuxième semaine de mars.

Aux États-Unis, la télécharge de vidéos et fichiers lourds prend désormais plus de temps dans 88 des 200 villes les plus peuplées, selon le site Broadbandnow. D’après ce rapport, le débit des connexions a été réduit de 24% à New York et de 38% à San José, en Californie. Aussi, Fortune commentait qu’AT&T, le géant des télécoms américain, a dès lors décrété qu’il allait destiner 10 millions de dollars en aides pour connecter les élèves des écoles affectées à ses cours en ligne. À son tour, Comcast et Charter, deux importants ISP dans le pays américain, ont ouvert ses points d’accès Wi-Fi publics pour toute personne qui en ait besoin.

En France, les conséquences sont similaires. Depuis la dure restriction à la mobilité instaurée le 17 mars, l’usage des réseaux numériques est augmenté considérablement. Par conséquence, le débit dans la République est passé de 148 Mbps aux alentours de 138 Mbps, ce qui ne semble pas tragique pour l’instant. Cependant, les conditions sont plus dures pour les habitants de régions moins couvertes par le réseau, les Zones blanches, comme le Morvan. Ici, les familles doivent s’adapter pour permettre à certains membres de se connecter au télétravail ou trouver les moyens pour augmenter le débit de ses forfaits mobiles, déjà surexploités par la contingence.

Également affecté serait le déploiement de la fibre optique en France, nommé à plusieurs reprises le « plus grand chantier d’infrastructure » du pays, qui a dû s’arrêter lors des restrictions au travail depuis mi-mars. En entretien avec Les Échos, Étienne Dugas, président d’InfraNum (la fédération des industriels du secteur des télécommunications) a déclaré que « le risque aujourd’hui est qu’il n’y ait aucune nouvelle prise installée au deuxième trimestre ». Cela représenterait un retard de plus pour les régions sans raccordement de fibre, qui étaient censées pouvoir se connecter en haut débit en 2022.

Le débit d’Internet global est en descente en conséquence d’une grave augmentation dans l’utilisation du réseau.

Le trafic des jeux en ligne s’est presque quadruplé aux États-Unis, tandis que pour Skype et Zoom, des sites et logiciels de télécommunication en groupe, l’augmentation a été de près de 300%. D’après ZDnet, l’utilisation des VPN est en amont en raison du besoin de connexions sécurisés dans le télétravail, avec une croissance de 165% globalement. Les Pays Bas, l’Autriche et le Canada registrent les augmentations plus importantes, avec 240%, 208% et 206%, respectivement. De même, Ookla rapporte une grande augmentation dans le nombre de requêtes de mesure du débit dans son site speedtest.com.

Les pics de connexion ont aussi été confirmés par l’un des plus importants points d’échange d’internet au monde, le Deutscher Commercial Internet Exchange (DE-CIX), qui a enregistré un trafic historique de 9,1 térabits par seconde dans sa centrale à Frankfurt. Encore, l’organisme communiquait aujourd’hui que les utilisateurs passaient d’avantage de temps connectés et que les conférences vidéo avaient eu une croissance du 100% comparé à la période pre-Covid-19. Néanmoins, la firme s’est dit  « préparée » pour une augmentation toujours plus forte qui devrait se présenter dans les semaines à venir.

Des mesures de réduction comme prévention

Malgré les déclarations du DE-CIX plusieurs plateformes de streaming commencent déjà à prendre des mesures préventives en cas de saturation du réseau. Depuis la semaine dernière Netflix, YouTube, Amazon Prime Video, Canal+ et autres ont annoncé des mesures amoindrir la charge de son trafic, multiplié par conséquence de la crise, sur le réseau.

Dans des déclarations individuelles, chaque compagnie a accordé une réduction de ses débits pour la période de durée de la crise, configurant une qualité SD par défaut pour tous ses contenus. Dans le cas de Netflix, la décision a été prise à la suite d’une intervention du Commissaire européen pour le marché intérieur, Thierry Breton, où il demandait le PDG de Netflix, Reed Hastings, de passer « à la définition standard lorsque la HD n’est pas nécessaire ».

La demande du fonctionnaire européen fut aussi répliquée par le gouvernement français dans un communiqué du 19 mars. L’écrit issu par le secrétariat chargé du numérique en France fait appel aux opérateurs et fournisseurs à « mieux gérer les pics de flux de données » et à prendre des « mesures techniques appropriées pour limiter la consommation de leurs services ». Également, l’organisme demande aux utilisateurs d’« adopter certaines bonnes pratiques de consommation », dont privilégier les connexions fixes, le téléchargement de contenus avant les heures creuses (à partir des 23h) et d’éviter le visionnage en très haute définition.

De plus, à la demande du gouvernement français, le lancement de Dinsey+ sera reporté. Ainsi l’annonçait le géant américain samedi dernier, malgré que la plateforme ait été lancée sans délais dans la majorité des pays européens. Le SVOD a depuis décidé de réduire aussi son débit pour les pays européens.

Cependant, il ne paraît être que le début de cette épreuve. D’après les analystes, la crise mondiale est toujours dans ses premières étapes, ce qui explique pourquoi désormais seulement une partie des pays au monde ont appliqué des mesures de confinement partielles ou totales. Cela veut dire qu’il faudra attendre l’arrivée des restrictions dans beaucoup plus de nations, la plupart des pays en voie de développement, pour connaître le véritable impact de la pandémie sur le réseau.

Il y a quelques jours, l’Inde a annoncé le confinement obligé pour presque un demi-milliard de personnes dans ses frontières. Pourra l’Internet tenir une telle quantité d’utilisateurs dans des pays où l’infrastructure est moins performante qu’en Europe ou les États-Unis ?

Source de l’image : canaln.pe