Des fausses théories reliant la 5G et le coronavirus, démasquées

Au Royaume-Uni, des actions violentes sont survenues lors de la diffusion de ce type de théories erronnées.

En pleine crise sanitaire, la diffusion précise et vérifiée du cours des événements est plus importante que jamais. Cependant, la grande demande d’information peut-être aussi exploitée pour générer des fausses conceptions qui aboutissent à une paranoïa généralisée. Au Royaume-Uni, des actions violentes sont survenues lors de la diffusion de ce type de théories erronnées.

La semaine dernière trois antennes du tout nouvel réseau 5G ont été incendiées en Grande-Bretagne. Les attaques à l’infrastructure rapportés par la presse britannique ont été causés à Birmingham, Liverpool et Melling in Merseyside. Additionnellement, des agressions en pleine rue auraient aussi été menées contre les techniciens de raccordement et installation des réseaux de communication.

D’après ces informations, les attaquants auraient été influencés par des fausses théories concernant les antennes et l’épidémie, qui ont été diffusées depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux. Les agressions sont désormais sujet d’une enquête policière d’envergure nationale, qui tient à prévenir des futures attaques et la dissémination des fausses informations en ligne.

Le maire de Liverpool, interviewé par The Guardian, a déclaré qu’à « Liverpool, ces antennes sont en cours de modernisation et, ironiquement, ce sont les personnes qui utilisent cette technologie qui croient à ces théories. » Le fonctionnaire aurait aussi reçu des menaces anonymes après qu’il ait démenti publiquement les théories conspiratrices.

De plus, des informations récentes signalent que l’antenne incendiée à Birmingham, opérée par le fournisseur britannique EE, n’était guère une tour de transmission 5G.

En entretien avec The Verge, un salarié de l’opérateur mobile précisait que l’antenne servait à « des milliers de personnes dans la région de Birmingham, fournissant une connectivité 2G, 3G et 4G depuis de nombreuses années. » « Nous allons essayer de rétablir une couverture complète aussi vite que possible, mais les dommages causés par l’incendie sont importants » ajouta-t-il.

Notamment, les attaques pourraient interrompre les communications des services de santé, qui dépendent fortement des réseaux mobiles pour coordonner ses opérations, dans les régions affectées.

Pour le ministre du cabinet, Michael Gove, les actions contre les antennes et les employés témoignent d’une « absurdité dangereuse ». D’autre part, dans un communiqué du dimanche 5 avril, le département pour le numérique, la culture, les médias et le sport (DDCMS) s’exprimait ainsi à propos des attaques :

« Nous avons reçu plusieurs rapports de vandalisme à des antennes téléphoniques ainsi que des agressions contre des employés en télécommunications qui seraient inspirés par des théories conspiratoires sans fondement qui circulent en ligne. Les responsables de ces actes criminels seront poursuivis avec sévérité. »

Au préalable, la même agence avait assuré qu’il n’y avait « absolument aucune preuve crédible » qui puisse relier la nouvelle technologie aux cas d’infection du virus.

Les théories diffusées en ligne (dès lors démenties), établit un lien douteux entre le nouveau réseau et l’épidémie du Covid-19. D’après les écrits et ses adhérents, les ondes de transmission auraient un possible « effet » soit sur le corps humain ou sur le même virus, bien qu’aucun étude ait confirmé ces idées.

Ces allégations ont été partagées sur Facebook et d’autres plateformes, ainsi que par des sites de tabloïdes comme le Daily Star, qui ont dû changer les titres de ses articles une fois que les fausses informations fussent niées par les autorités et les groupes scientifiques.

D’après les agences de presse, plusieurs célébrités, dont l’acteur Woody Harrelson, la chanteuse M.I.A. et la présentatrice de télé-réalité, Amanda Holden, ont aidé à répandre la théorie avec des publications et pétitions en ligne contre l’installation du réseau 5G.

Fullfact.org, le site de l’organisation caritative de vérification des faits en Grande-Bretagne, a aidé à éclaircir la controverse autour de la 5G depuis le 29 janvier.

Peu de temps après l’apparition des premières théories, l’article « The Wuhan coronavirus has nothing to do with 5G », démentait les déclarations d’un post sur Facebook (depuis retiré de la plateforme) qui signalait que les antennes du réseau avaient débilité les systèmes immunitaires des habitants de Wuhan. Le message assurait aussi que la ville avait été l’épicentre de la pandémie puisque c’était une des premières régions à avoir bénéficié de la 5G, en plus de dire que le Covid-19 n’était qu’une grippe commune accentuée par les « effets » supposés des tours de transmission.

Certes, en 2019 la Chine a fini l’installation de plus de 100 000 tours 5G dans plusieurs villes (comme rapporté par Full Fact) dont Beijing, Hangzhou, Nanjing, et la propre Wuhan, mais le site souligne que les ondes utilisées par le réseau sont non-ionisantes et qu’elles ne pourraient point endommager l’ADN à l’intérieur des cellules et donc non plus le système immunitaire. Ses arguments sont fondés sur les rapports et normes d’utilisation formulées par la Commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) et les groupes de recherche du Parlement britannique, ainsi que d’autres institutions scientifiques telles que l’American Cancer Society.

En outre, la théorie perd facilement de sens tenant compte des graves scénarios d’infection qui vivent des pays et régions sans infrastructure 5G installée, comme au Japon, en Iran, l’Amérique latine ou l’Afrique.

À la fin-mars, Full Fact publiait un nouveau rapport réfutant l’idée que les virus pourraient « se communiquer » via les antennes de télécommunications. La théorie serait basée sur un article dont les résultats sont débattus depuis 2011, qui analyse la conduite des bactéries et non pas des virus, comme le Covid-19.

Depuis, l’organisation a aidé a démasquer autres théories, comme celle qui présume un plan gouvernemental de dispersion de produits chimiques désinfectants par hélicoptère, ou la fausse théorie qui tente de démontrer que le coronavirus et les antennes 5G ont été imprimées sur le nouveau billet de 20 livres sterling.

Ici un rappel de l’origine du Covid-19, comme informé par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains (CDC) :

« Le COVID-19 est causé par un coronavirus. Les coronavirus sont une grande famille de virus qui sont communs chez l’homme et de nombreuses espèces animales différentes, y compris les chameaux, le bétail, les chats et les chauves-souris. Dans de rares cas, les coronavirus animaux peuvent infecter l’homme et se propager ensuite entre les personnes, par exemple avec le MERS-CoV, le SARS-CoV, et maintenant avec ce nouveau virus (appelé SARS-CoV-2).

Le virus SRAS-CoV-2 est un bêta coronavirus, comme le MERS-CoV et le SRAS-CoV. Ces trois virus trouvent leur origine chez les chauves-souris. Les séquences provenant de patients américains sont similaires à celle que la Chine a initialement publiée, ce qui suggère une probable émergence unique et récente de ce virus à partir d’un réservoir animal. »