Donald Trump coupe le financement pour l’OMS

Dans un mouvement sans précédents, le président américain vient d'annoncer la fin du financement des États-Unis pour l'OMS.

Dans un mouvement sans précédents, le président des États-Unis, Donald Trump vient d’annoncer que son pays arrêtera tout financement dirigé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La décision arrive alors que l’union américaine fait des efforts extraordinaires pour combattre l’épidémie de COVID-19 dans son territoire.

Désormais, cette nation est considérée l’épicentre de la pandémie dans la mesure où c’est le pays avec le plus grand nombre de cas confirmés et de décès liés au virus. En amont exponentiel depuis quelques semaines, les recenses dépassant largement ceux registrées par la Chine et les pays européens.

Fortement critiqué par la presse nationale et internationale pour ses fausses déclarations concernant le virus et pour avoir minimisé la gravité de l’épidémie pendant que l’Europe vivait une de ses pires périodes de crise sanitaire, Trump s’est trouvé sous stricte scrutin des médias la semaine dernière, lorsqu’il accusait les autorités de l’OMS d’avoir « gravement mal géré » et « dissimulé » la propagation du virus.

Trump vs. OMS… vs. Trump ?

Les controverses récentes entre l’organisme des Nations Unies et le dirigeant américain datent de la fin-janvier, lorsque l’OMS critiquait la décision du mandataire d’avoir imposé des restrictions aux les vols en provenance de Chine. En ce moment, l’Organisation affirmait que « la restriction à la mobilité des personnes est inefficace dans la plupart des situations ».

Mécontent, le mandataire américain accusait l’OMS d’omission face à l’arrivée de l’épidémie dans son pays. « Ils ne l’ont pas signalé. S’ils l’ont vu, ils ont dû le voir, mais ils ne l’ont pas signalé », déclarait-il.

Cependant, plusieurs semaines avant que l’administration de Donald Trump ait déclaré des mesures d’urgence pour combattre la pandémie, l’OMS avait déjà averti à de nombreuses reprises de la gravité de la situation. À ce moment-là, l’organisation avait décrit le scénario à venir comme une « urgence de santé publique de portée internationale ».

En effet, les analystes signalent que les accusations de Trump à l’OMS font écho des reproches faites à sa propre gestion de la crise par la plupart des agences informatives américaines. Les médias et les experts de la santé publique assurent que les désaveux publics du président concernant les dangers du virus ont retardé la prise de mesures nécessaires pour combattre l’épidémie dans ce pays, y compris le stockage tardif de tests de dépistage et matériel de protection.

Quelques jours avant le décret des restrictions des vols en provenance de Chine, l’administration Trump déclarait, via le CDC, que le risque pour la population américaine était « faible ».

La coupure des fonds, avertie, niée et puis promulguée

Au cours de ces derniers mois, Trump a continué à critiquer les actions de l’OMS, suggérant que l’organisation et son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, étaient « centrés sur la Chine ». D’après ses affirmations, l’organisation internationale a été trop confiante de la gestion du gouvernement à Beijing et a manqué de pugnacité pour combattre l’épidémie dans ses premières étapes.

Cependant, c’était Trump lui-même qui célébrait les efforts du pays oriental pour éviter la propagation du COVID-19, quelques semaines avant. « La Chine a travaillé très dur pour contenir le coronavirus », tweetait le mandataire le 24 janvier. « Les États-Unis apprécient beaucoup leur travail et leur transparence. Tout se passera bien. Au nom du peuple américain, je tiens à remercier tout particulièrement le président Xi. »

Puis, dans un briefing à la Maison Blanche à propos de la crise en avril, le mandataire américain se plaignait ainsi de Beijing : « Ils se sont trompés. Ils ont vraiment manqué de critère ». « Tant de morts provoqués par leurs erreurs », continua-t-il.

Ses affirmations plus récentes ont été suivies par plusieurs élus républicains qui ont blâmé l’organisation pour la crise vécue actuellement dans l’union américaine.

En entretien avec la chaîne Fox News, le sénateur Rick Scott reprochait que si l’Organisation « avait fait leur travail, tout le monde se serait mieux préparé ». « Nous n’aurions pas arrêté cette économie, et nous n’aurions pas eu tous ces gens morts dans le monde entier », rajouta-t-il. De manière similaire, Ted Cruz, élu de l’État du Texas, accusait que « l’OMS a été trop disposée à disséminer la propagande chinoise. »

Face aux attaques contre l’OMS, les leaders de l’Union africaine ont réaffirmé son support à l’Organisation et à son directeur. Ils salueraient la « conduite et accompagnement » de cet organisme et de Mr. Ghebreyesus, né en Ethiopie, face à l’arrivée de la pandémie en Afrique.

Par la suite, mardi 7 avril, le dirigeant américain évoquait qu’il serait prêt à couper les fonds américains pour l’OMS. « Nous allons mettre un frein à l’argent dépensé à l’OMS. Nous allons mettre un frein très puissant à cet argent et nous allons voir ce qui se passe », assura-t-il. Dans un geste de pur style « Trump », il niait ses déclarations quelques heures plus tard, rectifiant que le gouvernement analyserait la possible suspension des fonds.

En réponse, Tedros Adhanom Ghebreyesus lançait un fort avertissement au mandataire américain. « Si vous voulez avoir beaucoup plus de housses mortuaires, faites-le. Vous avez bien d’autres moyens de faire vos preuves. Ce n’est pas le moment pour faire de la politique. Vous jouez avec le feu ».  « Ne politisez pas ce virus », demanda-t-il au président américain.

Une semaine après, Washington annonçait la fin du financement pour l’organisme. Le versement de fonds vers l’Organisation est dès lors suspendu jusqu’à ce que les enquêtes du gouvernement américain évaluent les mesures prises par l’OMS. D’après les premières informations, ces études pourraient prendre entre 60 et 90 jours à s’achever.

En conférence de presse le 14 avril, Donald Trump remarquait que « l’OMS a manqué à son obligation fondamentale et doit être tenue responsable ».

L’OMS et le monde répondent aux actions de Trump

La porte-parole de l’organisme international, Margaret Harris, a été la première à assurer que les activités de l’OMS continueront « quels que soient les problèmes ». « Réduire le financement de l’OMS, au lieu de se concentrer sur les solutions, est une démarche dangereuse à un moment précaire pour le monde », ajouta-t-elle.

À la suite, le patron de l’OMS déclarait qu’il regrettait « la décision du président des États-Unis d’ordonner la suspension du financement de l’Organisation mondiale de la santé ». « Nous travaillerons avec des partenaires pour combler les lacunes financières auxquelles nous sommes confrontés et pour garantir que notre travail se poursuive sans interruption », a-t-il déclaré.

Au parallèle, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, assurait dans un communiqué officiel des Nations Unies que ce « n’est pas le moment de réduire le financement des opérations de l’Organisation mondiale de la santé ou de toute autre institution humanitaire combattant le virus ».

De même, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Zhao Lijian, exprimait ses inquiétudes pour la décision prise et déclarait en conférence de presse que le pays oriental appelait « les États-Unis à assumer leurs responsabilités et obligations et à soutenir l’OMS dans la conduite de la campagne internationale contre l’épidémie ». Ses déclarations ont été suivies par des critiques au gouvernement américain de la part de Maria Zakharov, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères.

À l’intérieur du pays, l’Association médicale américaine a demandé à Donald Trump de repenser sa décision. « Au cours de la pire crise de santé publique du siècle, suspendre le financement de l’Organisation mondiale de la santé est un pas dangereux dans une mauvaise direction qui ne facilitera pas le combat contre le COVID-19 », reprochait le président de l’association, Patrice Harris.

D’après les dernières données de l’organisation, le budget annuel de OMS est d’environ 5 milliards de dollars, provenant d’un grand nombre de contributions de plusieurs nations. Cependant, les États-Unis étaient jusqu’à mardi le pays qui versait le plus grand pourcentage de fonds dans l’organisme, comptant pour près d’une cinquième partie de son budget pour la période 2018-2019. En février dernier, l’administration Trump avait déjà demandé une réduction de presque 60 millions de dollars du budget destiné à l’OMS.

L’organisation siégée à Genève compte avec environ 7 000 employés en 150 bureaux installés dans les cinq continents, avec lesquels elle organise ses opérations d’envergure mondiale.

Approchant le pic de la pandémie, les États-Unis s’apprêtent à redémarrer son économie

La coupure des fonds américains à l’OMS arrive le jour même où Donald Trump réaffirme son autorité face aux gouverneurs des 52 États. Plusieurs d’entre eux avaient porté plainte au président pour avoir déclaré que la décision de la réouverture du pays lui appartenait à lui seul.

Plongée dans une crise économique sans précédents, l’administration Trump cherche à redémarrer ses activités productives et commerciales au plus vite possible. Pendant que les cas d’infection et décès liés au coronavirus se multiplient, le mandataire suggère que le pays serait prêt à lever les mesures de confinement en peu de temps.

Lundi 13, Trump exprimait en point de presse que c’était lui qui aurait l’autorité « totale » dans cette décision et que les États « ne peuvent rien faire sans l’approbation du président des États-Unis. » Ses déclarations ont été fortement questionnés par les élus, les juristes et les mêmes gouverneurs.

« Nous n’avons pas un roi, nous avons un président », revirait le gouverneur de New York, Andrew Cuomo.

Face aux critiques, le mandataire réitérait mercredi que c’était « la décision du président, et pour de nombreuses bonnes raisons », mais qu’il travaillerait « en étroite collaboration avec les gouverneurs ».

L’économie américaine vit désormais des fortes répercussions par conséquence des mesures de confinement qui ont arrêté le pays depuis son adoption. Avec la plupart des établissements commercials et industriels fermés, les ventes au détail aux États-Unis ont subi la plus forte chute jamais enregistrée, soit une baisse de 8,7% registrée pour le mois de mars.

Depuis quatre semaines, plus de 22 millions de personnes ont déposé une demande d’allocation de chômage, d’après des informations de Bloomberg. Ceci représente un taux de 20% de la population économiquement active qui ont perdu leurs postes et autres activités rémunérées. Les chiffres atteints n’avaient pas été vus depuis la période de la Grande dépression et redoublent ceux de la crise de 2008.

Réagissant à l’alarme, 9 États de l’Union américaine ont annoncé qu’ils seraient en mesure de redémarrer l’économie malgré les conditions sanitaires. La liste contemple les régions de New York, New Jersey, Connecticut, Delaware, la Pennsylvanie et Rhode Island.

En Californie, le gouverneur Gavin Newsom annonçait mardi les étapes à suivre pour que l’État retrouve son pied après plusieurs semaines de confinement et de restriction des activités, sans entrer dans plus de détails.

D’après les derniers rapports, l’État de la côte ouest est une des régions ou le virus semble être le plus côntrolé, en mesure d’une adoption efficace du distancement social et des restrictions au mouvement. San Francisco à été la première ville du pays à déclarer le début de la période de confinement, le 16 mars.

De l’autre côté du pays, à New York, le seuil des 10 000 victimes mortelles liées au virus a été atteint cette semaine, élevant le chiffre de décès à plus de 25 000, pour un taux de mortalité nationale de 17%.

D’après des rapports du New York Times, plus de 9 000 salariés des services de santé américains seraient atteints du virus.

Source de l’image : jeuneafrique.com