9 mds d’euros pour le plan de sauvetage de Lufthansa

Cette semaine, le directoire de Lufthansa a décidé d’accepter la proposition de financement du gouvernement allemand.

Après plusieurs semaines d’allers et retours, Lufthansa et l’Allemagne, en collaboration avec la Commission européenne, sont finalement arrivés à un accord préliminaire concernant le plan de sauvetage de la compagnie aérienne. Berlin et Bruxelles verseront 9 milliards d’euros dans la société contre la cession de plusieurs créneaux de décollage et d’atterrissage actuellement désignés au transporteur.

Dans les premières heures du samedi 30 mai, le Conseil de supervision de Lufthansa a déclaré qu’il avait décidé d’accepter la proposition de financement dont une première version avait été premièrement convenue la semaine dernière. Peu après, le directoire de la compagnie aérienne informait qu’ils n’étaient pas en conditions d’approuver les conditions imposées par la Commission européenne pour le sauvetage.

À l’heure actuelle, ces obstacles paraissent avoir été surpassés. Les actionnaires de la société devront maintenant se rassembler de manière extraordinaire pour approuver l’accord.

Pour pouvoir toucher à l’aide, Lufthansa cèdera 24 « slots » horaires qui seront alloués à la concurrence dans les aéroports de Frankfurt et de Munich, comme l’informe la compagnie dans communiqué mis en ligne ce samedi. D’après le même document, la cession sera uniquement valable pour les nouvelles compagnies pendant un an et demi. Ces bénéficiaires devront être, en plus, des compétiteurs européens n’ayant pas reçu d’aides financières en raison de la pandémie de n’importe quel autre État du continent. Selon la compagnie, ces nouvelles conditions ont été réduites « rapport aux indications initiales » de la Commission européenne.

En outre, le sauvetage permettra à l’État allemand de prendre 20% du groupe pour 300 millions d’euros, signifiant le retour du pays au capital de la compagnie depuis 1997, quand elle fut complètement privatisée. Une fois l’opération achevée, l’Allemagne devrait devenir le plus important actionneur de la compagnie, de plus que l’accord prévoit une augmentation de sa participation au 25% et une action en cas de non-paiement des intérêts ou d’une minorité de blocage.

En outre, une injection de 5,7 milliards d’euros de fonds sans droit de vote, un schéma de prêts pour 3 milliards d’euros et deux sièges au conseil de surveillance pour l’Allemagne font aussi partie des nouvelles négociations. Lufthansa serait en plus interdite rediriger le payement pour accorder des bonus à son directoire.

Le financement de la compagnie aérienne sera géré par le Fonds de stabilisation économique (WSF) du gouvernement allemand. Ce sera le plus important sauvetage que l’État dirigé par Angela Merkel ait alloué depuis le début de la pandémie. D’après le ministre des finances Olaf Scholz, l’Allemagne serait en mesure de vendre les actions de Lufthansa, « lorsque la compagnie sera à nouveau à flot ».

Lufthansa redirige sa stratégie face à des grandes pertes

Depuis le début des restrictions aux déplacements, issus comme mesure de réduction des contaminations par COVID-19, presque la totalité des compagnies aériennes ont suspendu ses opérations en Europe, déclenchant une crise comme jamais vue dans le secteur.

En ce qui concerne Lufthansa, la suspension des vols toujours présente dans l’ensemble des pays européens, à mis à terre près du 90% de sa flotte et entraine des pertes journalières de 1,1 million par heure « jour et nuit ».

Il y à quelques semaines, le groupe déclarait des pertes pour 1,2 milliard d’euros dans le premier quart de l’année et se montrait ouvert à l’arrivée d’aides gouvernementales face à une possible faillite. En ce moment-là, la société reportait des négociations avec les gouvernements allemand, suisse, belge et autrichien, étant donné que le groupe détient aussi les subsidiaires Swiss Airlines, Brussels Airlines et Austrian Airlines.

Le 7 avril, Lufthansa annonçait une restructuration du groupe face à « l’inévitable réduction des opérations de vol » et à la . « Le conseil d’administration de la Deutsche Lufthansa AG ne s’attend pas à ce que l’industrie aéronautique revienne rapidement au niveau atteint avant la crise du coronavirus », communiquait alors l’entreprise. Le réaménagement prévoyait une réduction de 100 avions à sa flotte, y compris six Airbus A380, sept A340-600 et cinq Boeing 747-400, qui ont été mis hors service, ainsi que la disparition de la ligne Germanwings, une des options low-cost du groupe en crise depuis l’attentat de 2015.

Quelques semaines après, c’était Brussels Airlines qui délinéait sa propre réforme interne, décrite par son PDG Dieter Vranckx en tant que « des mesures substantielles et indispensables », qui tiennent à diminuer ses effectifs en 25% (soit près de 900 emplois) et sa flotte en 30%. Au même temps en Autriche, le gouvernement accordait 1,2 milliard d’euros en prêts pour Swiss Airlines.

Le 21 mai, Lufthansa annonçait un premier accord entre l’entreprise et le gouvernement à Berlin, entravé juste cinq jours après par la Commission européenne, exigeant que la compagnie aérienne accède concéder une partie de ses créneaux à la concurrence. La proposition était refusée le lendemain par la compagnie, lorsque son organe régulateur déclarait qu’ils n’avaient pas « été en mesure d’approuver le paquet de stabilisation en rapport avec les conditions de l’UE ».

Lors de nouvelles négociations, l’accord a finalement été approuvé par les différentes parties ce samedi, en attente de confirmation du conseil exécutif de Lufthansa.

Pendant cela, la compagnie basée au pays teuton s’attend à résoudre la grande quantité de remboursements et passifs courants qu’ils devront régler pour stabiliser sa situation. Dans le communiqué de cette semaine, le groupe déclarait qu’« afin de garantir sa position financière en solidité, le groupe Lufthansa a levé des fonds supplémentaires d’environ 600 millions d’euros au cours des dernières semaines. »

« Le groupe dispose ainsi de liquidités d’environ 4,3 milliards d’euros. En outre, il dispose de lignes de crédit toujours inutilisées d’environ 800 millions d’euros. D’autres fonds sont en cours de levée », continuait l’écrit.

Des critiques aux mesures de sauvetage allemandes

En Allemagne, l’annonce du sauvetage a été mal reçu par l’opposition qui critiquait le versement de 9 milliards d’euros dans une compagnie dont le capital n’arrive qu’aux 4,3 milliards. En mars dernier, l’Allemagne approuvait un paquet de 750 milliards d’euros pour réduire l’impact économique du virus.

Ailleurs, les négociations de la compagnie aérienne avec Berlin ne sont pas non plus passé inverties par les autres sociétés européennes.

Qualifiant le sauvetage « d’aide d’État qui faussera massivement la concurrence », la compagnie britannique Ryanair a condamné l’accord favorisant Lufthansa et a dit qu’elle serait en mesure de dénoncer l’opération face à la Justice européenne.

D’après son PDG, Michael O’Leary, la mesure « renforcerait l’emprise monopolistique de Lufthansa ». « Comment peut-on s’attendre à ce que des compagnies aériennes comme Ryanair, EasyJet et Laudamotion puissent concurrencer Lufthansa maintenant qu’elle bénéficie de subventions d’une valeur de 9 milliards d’euros ? », demanda-t-il.

Le patron de Ryanair accusait aussi Lufthansa d’être « addicte aux aides d’État ». « Chaque fois qu’il y a une crise, le premier réflexe de Lufthansa est de mettre la main dans la poche du gouvernement allemand », rajouta-t-il.

Début mai, la société basée à Dublin avait déjà demandé à la Cour européenne de justice d’annuler les forfaits fiscaux proposés par la France la Suède et le Danemark aux compagnies aériennes enregistrées dans ces pays. Ryanair argumentait alors que le pays nordique avait violé les lois européennes et que les mesures discriminaient contre les entreprises étrangères.

Une participation plus importante de l’État face à l’avenir de l’aviation commerciale

Bien qu’il s’agisse d’un des plans de sauvetage les plus coûteux, l’accord qui favorise Lufthansa n’est qu’un des derniers exemples décrivant les aides que plusieurs pays au monde ont accordé à différentes sociétés aériennes.

Aux États-Unis, l’administration Trump proposait il y à un mois de verser 25 milliards de dollars (22,1 milliards d’euros) pour le soutien des plusieurs compagnies aériennes de ce pays, y compris laska Airlines, Allegiant Air, American Airlines, Delta Air Lines, Frontier Airlines, Hawaiian Airlines, JetBlue Airways, United Airlines, SkyWest Airlines et Southwest Airlines. Le programme serait principalement dirigé à assurer les payements de ses effectifs.

En mars, Singapore Airlines recevait près de 13,5 milliards d’euros (15 milliards de dollars) en aides du gouvernement local pour pouvoir se tenir à flot, maintenant une participation du 50% de la part de la compagnie Temasek, contrôlée par l’État.

À la fin avril, le groupe Air France KLM à décroché un soutien de 7 milliards d’euros de la part du gouvernement français et des Pays-Bas, alors que la compagnie déclarait des pertes pour 25 millions d’euros par jour. Le plan vient accompagné d’un engagement de la société à se réformer suivant des plans économique et écologique.

En mai, le ministre de l’Industrie tchèque, Karel Havlicek, déclarait l’intention de l’État d’obtenir « jusqu’au 100% » de la compagnie locale Smartwings, face à une faillite qui pourrait entrainer la perte de près de 2 500 emplois. En réponse, Smartwings informait qu’elle n’avait « aucun intérêt » à que le gouvernement participe dans la société et qu’ils préféreraient soit « un prêt ou une garantie de prêt ».

Plus récemment, le gouvernement italien a décidé de nationaliser Alitalia pour 3 milliards d’euros comme une des mesures du plan de sauvetage économique pour ce pays. Parallèlement, l’État portugais annonçait ce jeudi que des possibles injections financières pour TAP Airlines pourraient arriver en juin.

Source de l’image : thelocal.de