L’Europe déboulonne ses monuments au racisme

Plusieurs capitales européennes adoptent le déboulonnement de statues de personnages historiques comme forme de proteste contre le racisme.

L’éclatement social vécu aux États-Unis après la mort de l’afro-américain George Floyd aux mains de la police s’est rapidement répandu en Europe. Peu après ce 25 mai tragique à Minneapolis, plusieurs capitales du vieux continent ont été scénario de protestes liées au mouvement Black Lives Matter, mais aussi d’une nouvelle forme de revendication historique de ces injustices sociales : le déboulonnement de statues des « grands hommes » qui auraient pris part dans des activités racistes.

Dimanche 7 juin, à Bristol, la statue d’Edward Colston, ancien marchand d’esclaves au XVIIe siècle, a été renversée et jetée dans le port de Bristol par des manifestants. Colston et sa compagnie auraient été responsables de la traite de près de 100 000 esclaves africains envoyés aux Amériques et les Caraïbes entre 1672 et 1679. Près d’un quart d’eux seraient morts dû aux mauvaises conditions d’hygiène pendant son transport.

Dès lors, d’autres statues ont été retirées ou graffitées au Royaume-Uni.

À son tour, les autorités belges ont décloué un monument au roi Léopold II à Anvers, quelques jours après qu’il fut peint en rouge par des manifestants anti-racistes. L’ancien mandataire est tristement célèbre pour avoir instauré un gouvernement largement oppresseur de la population noire dans ce qui est désormais connu comme la République démocratique du Congo. Tout le long de son mandat, des millions de congolais ont été soumis à des travaux forcés dans les plantations du Roi, ou obligés à combattre dans les premières lignes lors des guerres du royaume. À l’issu de son mandat, Léopold II avait accumulé une fortune gigantesque.

Depuis, d’autres pétitions de déboulonnement sont arrivées aux boîtes aux lettres du gouvernement belge.

À Paris, le monument à Gallieni a été graffité avec le message « Déboulonnons le récit officiel » et puis couvert avec un voile la semaine du 14 juin. Au tournant du XXe siècle, l’ancien gouverneur de la colonie du Madagascar a commandé des actes répressifs et meurtriers contre un peuple local : les Menalamba.

Puis, le 15 et le 18 juin, deux bustes du Général-de-Gaulle ont aussi été vandalises à Hautmont et à Seine-Saint-Denis, respectivement. L’administration Macron a dès lors assuré que « la République ne déboulonnera pas de statue », pendant que plusieurs groupes anti-racistes réclament le retrait d’autres monuments.

Plus récemment, cette forme de proteste est aussi arrivé au continent africain. À Pretoria, en Afrique du Sud, la statue du politicien Stephanus Johannes Paulus (ou « Paul ») Kruger a été peinte des mots « Assassin ». Ancien vice-président du Transvaal, Kruger a été un personnage clé dans les politiques qui ont permis à la minorité blanche de s’imposer à la majorité noire dans le pays sud-africain.

Cependant, pendant que les symboles du racisme commencent à tomber partout au monde, dans la capitale du Congo, à Kinshasa, une statuette plus grande de Léopold II est toujours debout et intacte. Pour certains, le déboulonnement des statues des colonisateurs et traiteurs d’esclaves ne changera pas grande chose si cela n’est pas accompagné d’actions conjuguées qui permettent une rééducation anti-raciste de grande envergure. Pour d’autres, la suppression de ces monuments reviendrait à nier l’histoire.

Le débat sur le sort final de ce type de symboles continue.

Source de l’image : change.org