Remaniement du gouvernement bulgare face aux protestes

Les ministères de l’intérieur, de l’économie, de la santé, des finances et du tourisme ont été accordés des nouveaux chefs.

Ce vendredi, le Parlement de la Bulgarie a voté pour la restructuration du gouvernement proposée par le Premier ministre Boyko Borisov le 23 juillet. Les ministères de l’intérieur, de l’économie, de la santé, des finances et du tourisme ont été accordés des nouveaux chefs qui ont pris ses postes le vendredi même. Le changement de politique arrive dans un contexte tendu, après deux semaines de protestes où les inconformes exigent non seulement la démission du cabinet, mais de son titulaire.

La session parlementaire du vendredi fut marquée par les réclames du parti d’opposition, le parti socialiste bulgare (BSP), qui demandait des changements plus profonds au cabinet en faisant écho aux cris exigences des manifestants.

Réunis aux principales places du pays le soir avant, les inconformes qualifièrent le remaniement d’une « blague ». Au cours d’une nuit d’émeutes, certains manifestants sont presque parvenus à s’introduire dans les installations du Premier ministre, avant d’être empêchés par les forces de l’ordre.

Après le mouvement ministériel, la chef du parti socialiste, Kornelia Ninova, affirma que Borisov avait « changé de ministres lorsqu’il y a des soupçons de corruption afin de maintenir la corruption ». « Aujourd’hui, Borisov a proposé de maintenir le modèle », déclara-t-elle. D’autre part, le député Valentin Nikolov assura que « la seule chose qui empêche le gouvernement de démissionner est la responsabilité d’éviter le chaos dans le pays ».

Jeudi 23, le Premier ministre annonçait qu’il demanderait la démission de plusieurs membres de son cabinet, arguant qu’ils auraient collaboré avec un groupe politique d’opposition, le Mouvement des droits et des libertés. Pour les analystes, l’action était plutôt dirigée à apaiser les tensions dans le pays.

Les démonstrations du jeudi ont marqué le quatorzième jour consécutif de protestes dans le pays balkanique, dans le contexte d’une crise politique qui confronte le Premier ministre et le président, Rumen Radev. Les manifestants accusent M Borisov de corruption et de manipulation du pouvoir législatif pour son propre bénéfice politique, citant les plus récentes attaques menées contre le mandataire.  

Dans la semaine du 7 juillet, des perquisitions ont été conduites par la police dans le bureau du président. Deux des collaborateurs du mandataire ont été arrêtés sous soupçon de trafic d’influence.

En réponse, samedi 11 juillet M Radev s’est dirigé à la nation dans un message télédiffusé où il argua que la seule solution aux conflits était la démission du Premier ministre et du procureur général, Ivan Gechev. Le mandataire qualifiait également M Borisov d’être porteur d’un « caractère mafieux », et d’actions. À son tour, M Gechev accusait le président d’un comportement anticonstitutionnel, réclamant une violation à l’indépendance judiciaire.

Le 15 juillet, le parti socialiste, une des principales forces de l’opposition en Bulgarie, a déposé une motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre qui n’a pas été approuvée au Parlement, principalement composé par membres du parti au pouvoir.

Byoko Borisov, au pouvoir depuis 2009, dirige un gouvernement souvent signalé de corruption par diverses organisations internationales. D’après l’organisme de vigilance à la gouvernance Transparency International, la Bulgarie est classée comme l’État membre le plus corrompu de l’Union européenne.

Le troisième mandat de M Borisov terminera en mars 2021.

Source de l’image : Reuters