Démission de journalistes en Hongrie : la liberté de presse en danger ?

Vendredi dernier, la quasi-totalité des salariés du site informatif index.hu ont démissionné suite à la déposition de son rédacteur en chef.

Vendredi dernier, la quasi-totalité des salariés du site informatif index.hu ont démissionné suite à la déposition du rédacteur en chef de l’agence, Szabolcs Dull.

Les inconformes ont annoncé leur séparation du journal par moyen d’une déclaration publiée le matin même et signée par plus de la moitié de l’équipe de rédaction. Dans l’article, les périodistes réclament à la direction ne pas avoir écouté ses demandes visant à la remise en fonctions du chef de rédaction.

Au total, environ 90 journalistes, dont trois éditeurs, ont quitté l’agence vendredi 24. Le quotidien reste une des seules agences à critiquer ouvertement le gouvernement, après une série mouvements au sein de la presse hongroise mis en œuvre depuis 2010.

Parallèlement, des milliers d’Hongrois ont soutenu leur décision en prenant les rues de Sofia. Les manifestants se sont déplacés du siège d’Index au bureau du premier ministre, Viktor Orban. Ses réclames ont été dirigées à la défense de la liberté de presse.

Quelques jours avant, lorsque le divorce entre M Dull et index.hu avait été annoncé, les journalistes ont rédigé une lettre dirigée au président de la Fondation pour le progrès hongrois, László Bodolai, demandant le retour de Szabolcs Dull.  

« Depuis plusieurs années, nous affirmons qu’il y a deux conditions pour que l’indépendance d’Index soit assurée : qu’il n’y ait aucune influence extérieure ni sur le contenu que nous publions, ni sur la structure et la composition de notre personnel. Le licenciement de Szabolcs Dull viole notre deuxième condition », ont-ils écrit.

Quand la sollicitude des périodistes est arrivée aux mains du chef de l’organisation qui contrôle Index.hu Inc, ce dernier a déclaré que « la perte de confiance en M Dull est si profonde que je ne peux plus travailler avec lui ». Le directoire de la compagnie avait justifié que la cessation du rédacteur était due au filtrage de documents internes.

La crise interne à index.hu a commencé il y a près d’un mois, suite à une déclaration du rédacteur en chef par laquelle il prévenait ses lecteurs que l’indépendance éditoriale du portail était en danger. M Dull signalait alors qu’une restructuration du site serait mise en œuvre, après que Miklós Vaszily, directeur de médias relié du gouvernement hongrois, avait obtenu près du 50% du groupe Indamedia, responsable des flux de revenus et de la publicité d’index.hu.

Des développements similaires dans la presse hongroise lèvent les craintes de plusieurs organisations au sujet de l’intervention du gouvernement dans les agences informatives.

En 2016, le journal de gauche Népszabadság a complètement cessé les critiques aux d’hommes d’affaires soutenus par l’administration au pouvoir, après qu’un proche à Viktor Orban a racheté l’agence. Puis, ce fut le tour du journal Magyar Nemzet, quotidien contraire au gouvernement qui aurait révélé plusieurs affaires de corruption au sein du parti au pouvoir, le Fidesz, qui en avril 2018 a capitulé face aux pertes de ses contrats publics.

De même, un des portails d’informations les plus populaires, Origo, est progressivement devenu un tabloïd favorisant les intérêts du président.

 Depuis, la Commission européenne a signalé à plusieurs occasions que Budapest n’assure pas les conditions d’État de droit nécessaires pour le bon développement de la liberté de presse. Plus récemment, l’ONG Reporters sans frontières a placé la Hongrie au 89e rang du classement mondial de la liberté de la presse. En 2010, juste avant le retour de M Orban au pouvoir, le pays occupait la 23e place du classement.


Source de l’image : index.hu