Navalny sort du coma ; l’UE n’exclut pas des sanctions à la Russie

Josep Borell a déclaré que le bloc pourrait sanctionner la nation russe pour violation aux accords européens des armes chimiques.

Jeudi 3 septembre, le haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’UE, Josep Borrell, a sollicité la coopération de Moscou dans l’enquête internationale qui se mène à propos de l’empoisonnement d’Alexei Navalny, leader d’opposition russe hospitalisé depuis la fin août.

« Le gouvernement russe doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener une enquête approfondie sur ce crime en toute transparence et pour traduire les responsables en justice. L’impunité ne peut être et ne sera pas tolérée », déclara M Borell dans un communiqué officiel.

Le fonctionnaire a également déclaré que le bloc n’éxcluait des futures sanctions à la nation russe pour violation aux accords européens des armes chimiques.

Au Kremlin, le porte-parole du gouvernement local, Dmitri Peskov, a rejeté les thèses selon lesquelles l’État russe serait derrière l’empoisonnement d’Alexei Navalny.

Un jour avant les déclarations de l’UE, l’Allemagne avait assuré avoir des preuves « sans équivoque » de que M Navalny avait été empoisonné. L’avocat de 44 ans, hospitalisé à Berlin depuis plus d’une semaine, aurait été intoxiqué par moyen d’un agent innervant soviétique interdit par la Convention sur les armes chimiques depuis 1997.

Par la suite, la chancelière allemande, Angela Merkel, critiqua durement l’attentat à la vie de l’homme politique. « M. Navalny a été victime d’un crime qui visait le silencer ». À son tour, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a qualifié l’acte de « lâche et méprisable ».

En France, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a également dénoncé l’attaque. « Je veux condamner dans les termes les plus forts l’utilisation choquante et irresponsable d’un tel agent », déclara-t-il dans un communiqué. Le fonctionnaire français fit rappel que l’usage du poison « contrevient aux normes internationales », notamment celles de la déclaration de principes du Partenariat international contre l’impunité d’utilisation d’armes chimiques.

Féroce critique du président Vladimir Poutine, Alexei Navalny a été pris en charge en Russie jeudi 20 août alors qu’il rentrait à Moscou depuis la ville sibérienne de Tomsk.

D’après les déclarations de la compagnie aérienne qui le transportait, l’état de santé d’Alexei Navalny s’est dégradé peu après le décollage, ayant plongé dans le coma en plein vol. Un autre passager, Pavel Lebedev, a pu confirmer les informations. « Ils ont eu du mal à le ramener à son siège […] il criait de douleur », déclara-t-il sur ses réseaux sociaux.

L’avion a dû atterrir d’urgence à la ville d’Omsk où il fut hospitalisé. Kira Yarmysh, sa porte-parole, insista alors qu’il avait été empoisonné, malgré les déclarations des médecins russes. 

« Lors de son admission à l’hôpital, Alexeï Navalny a fait l’objet de tests sur un large éventail de stupéfiants, substances synthétiques, psychédéliques et médicinales, y compris les inhibiteurs du cholinestérase. Les résultats ont été négatifs », affirma plus tard le toxicologue en chef à Omsk, Alexandre Sabaïev,

Incapable de reprendre conscience, M Navalny a été transféré à l’hôpital Charité de Berlin le 22 août, où il se trouve depuis. C’est ici que les soignants allemands ont détecté des traces d’anticholinestérase, un agent de type Novitchok, similaire à celui employé lors de l’assassinat d’un autre critique au régime, Sergueï Skripal, en 2018.

Cette semaine, les médecins de M Navalny ont informé que l’homme était finalement sorti du coma. « Il répond aux stimuli verbaux », déclaraient-ils, signalant qu’il était encore « trop tôt pour évaluer les effets à long terme de son empoisonnement ».

M Navalny a été emprisonné à plusieurs reprises ces dernières années pour ses manifestations contre l’État russe. En 2019 il s’est également fait attaquer par des partisans du gouvernement.

Le Kremlin compte avec une longue liste d’ennemis qui ont été empoisonnés suite à ses déclarations anti-gouvernementales. Parmi eux figure Alexander Litvinenko, décédé à Londres en 2006 par intoxication de polonium 210. Pour sa part, la Russie a nié à plusieurs reprises sa participation dans les empoisonnements.

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