Manifestations en Pologne : l’avortement virtuellement annulé

Des protestes ont éclaté en Pologne suite à une modification aux lois concernant les interruptions volontaires de grossesse.

Des protestes ont éclaté dans le pays d’Europe de l’Est suite à une modification aux lois concernant les interruptions volontaires de grossesse.

Jeudi 22 octobre, les magistrats constitutionnels polonais ont accordé ne plus reconnaître la légalité des procédures qu’à deux conditions spécifiques, arguant la protection de la dignité humaine.

Dans les jours qui ont suivi la décision, des milliers de manifestantes ont pris les rues des principales villes polonaises revendiquant leur droit à l’avortement. Les protestataires demandent également une éducation sexuelle correcte ainsi que l’indépendance des instances législatives, présumées être sous contrôle du parti ultracatholique au pouvoir, le Parti Droit et Justice (PiS).

Les concentrations ont notamment ciblé les principaux bâtiments gouvernementaux, les temples religieux et les places publiques, souvent confrontés par des partisans d’extrême droite. D’après les chiffres officiels, plus de 400 000 personnes avaient participé aux protestes au 28 octobre, qui contemplait aussi une grève de femmes nationale.

Après une longue période de libéralisation du droit à l’avortement qui termina avec la chute du bloc communiste, les interruptions volontaires sont devenues illégales en 1993 suite à un accord entre l’État et l’Église catholique. Les avortements sous conditions de légalité ont également été limités à quelques centaines par an pour l’ensemble de la population.

Désormais, les femmes polonaises sont soumises à une des législations les plus restrictives à ce sujet dans le continent européen, après Chypre ou les procédures sont tolérées en cas de viol et après Malte, où toutes les interruptions sont interdites.

Avant le décret du 22 octobre, seuls les cas par violation, par risque de vie de la femme enceinte ou par malformation irréversible du fœtus étaient jugés légaux pour une interruption volontaire de la grossesse. Désormais, la dernière circonstance est devenue inconstitutionnelle, d’après les résolutions du Tribunal polonais.

En 2019, ce type d’avortements a compté pour près du 97% du total d’interruptions officiellement déclarées en Pologne. La révision de la loi élimine de facto la possibilité aux femmes de réaliser des procédures dans le cadre de la légalité.

Bien que les sanctions applicables ne touchent pas aux femmes qui aient sollicité la procédure (toute personne l’ayant aidé est tenue responsable et pénalisée), diverses opinions soutiennent que telles mesures s’opposent aux droits fondamentaux des polonaises.

Les avortements clandestins sont, par conséquent, très communs en Pologne.

Un grand nombre d’entre elles se rendent à l’étranger pour pratiquer ses interruptions, généralement en Allemagne, Slovaquie ou République Tchèque. Pour ce fait, les cliniques d’avortement adaptent ses sites web pour ses patientes polonaises. D’autres commandent des pilules abortives via internet, ou les obtiennent sur le marché noir.

Source de l’image : abc.net.au