Surveillance et reconnaissance faciale

La reconnaissance faciale est devenue l'arme des systèmes de surveillance, une technologie pas toujours fiable et largement trop accessible.

Un article récent du magazine Wired révèle certains dessous des systèmes de reconnaissance faciale lorsque celle-ci est utilisée par les forces de l’ordre. Est pris en exemple un New-Yorkais qui a été arrêté pour avoir volé une paire de chaussettes à un moment où il était alors dans un hôptial non loin de là en train d’assister à la naissance de son enfant. L’article en question souligne que si les forces de l’ordre, du moins aux États-Unis, utilisent cette technologie pour identifier des personnes dans le cadre de leurs enquêtes, celles-ci ne sont pas tenues de révéler avoir eu recours à cette tecnologie, ce qui rend compliqué une potentielle contestation en cas d’inculpation. En juin 2020, pour la première fois aux États-Unis, une erreur d’identification menant à une arrestation a été documentée.

L’article rappelle également que 2/3 des personnes ayant été libérées suite à une inculpation erronée grâce à des tests d’ADN avaient été inculpées dans un premier temps suite à des erreurs d’identification de la part de témoins occulaires. Dans ce contexte, la police se rabat pourtant de plus en plus sur les systèmes de reconnaissance faciale, et l’entreprise Cleaview AI – qui crawle le web en quête de bâtir une vaste base de données de visages – commercialise cette technologie en masse aux polices des États-Unis et se retrouve sur la voie de la prospérité, ayant bouclé en juillet dernier une levée de fonds de $30 millions, boostant la valuation de l’entreprise à $130 millions. Le même mois, son concurrent AnyVision a levé $235 millions.

En France, la CNIL ne semble pas s’alarmer des erreurs possibles liées à l’utilisation des systèmes de reconnaissance faciale, sauf si les photos utilisées en comparatif ont été récoltées sur le Web. Pourtant, en juin 2020, le géant informatique IBM annonçait se retirer du développement de systèmes de reconnaissance faciale, évoquant une violation des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales.

En Chine, l’utilisation de la reconnaissance faciale est tellement avancée qu’il est devenu impossible de faire marche arrière. Le China National Grid project initié depuis plus de quinze ans a été généralisé à tout le pays, et prévoit une surveillance millimétrique du pays, essentiellement par voie de vidéosurveillance et de systèmes de reconnaissance faciale.

Le plus déroutant, c’est que la régulation des systèmes de reconnaissance faciale est quasi-inexistante, et de nombreux entrepreneurs s’amusent à créer leurs propres applications, telles que Social Mapper dont le code source est ouvert est accessible via Github. De fait, de nombreux individus et commerces peuvent d’ors-et-déjà en faire usage sans qu’aucune autorité compétente ne vienne s’immiscer dans les applications qui en découlent, alors que la technologie pose un problème de respect des libertés individuelles et n’est pas 100% fiable.