En ligne, ce qui me définit le mieux lorsque je visite un site, c’est mon adresse IP. Tout de suite, le site peut relever cette adresse, et aller voir dans ses archives si je suis déjà venu. Une adresse IP, c’est un peu comme le visage d’un homme: tous deux indiquent la provenance approximative de son propriétaire, et tous deux sont uniques. La différence, bien sûr, c’est qu’il est encore compliqué aujourd’hui de changer de visage, alors que l’on peut changer d’IP comme l’on change de chaussettes…
Au fait, il devient de plus en plus difficile de changer d’adresse IP comme on change de chaussettes sur le Web moderne. La raison est simple: pour obtenir différentes adresses IP, il faut passer par des services de partage d’IP. Le problème, c’est que ce genre de solutions attire énormément les pirates du Web qui les utilisent à des fins de spamming ou de vandalisme. De ce fait, les sites les plus fréquentés du Web ont développé des solutions anti-proxies pourris, et vous bloqueront si vous êtes identifiés avec une IP appartenant à une liste blacklistée.
Autre solution, acheter vos serveurs, vos adresses IP, et configurer soi-même toute la technique. Premièrement, c’est compliqué, même pour un programmeur. Deuxièmement, c’est cher, même pour une entreprise. Et troisièmement, nous arrivons à le fin des stocks d’adresses IP v4, une pénurie qui a été extrêmement rapide, et qui laisse présager que les règles d’acquisition d’adresses IP vont se durcir pour pérenniser un minimum son fonctionnement.
Ainsi, nous observons aujourd’hui que les adresses IP sont en train de monter en valeur, et ceci pas seulement sur la place de la bourse de l’IP, mais également en termes d’épanouissement de l’Internaute sur le Web. En effet, la loi Hadopi en France a rendu les Français responsables de leurs propres adresses IP. Les critiques de la loi Hadopi s’appuient sur l’exemple qu’un réseau wifi est hackable, donc que tout pirate pourrait s’engager dans des activités illégales à l’insu d’un innocent individu via sa connection Internet…
Il y aura probablement toujours des moyens de naviguer « anonymement » sur le Web, mais ce qui est plus probable du côté de l’Internaute langda, c’est que celui-ci va commencer à prendre de plus en plus conscience des traces qu’il laisse sur le Web. Ainsi, il y a fort à parier que les consommateurs du Web demanderont de plus en plus des solutions qui garantissent la protection de leurs IPs (ainsi que des offres de services associés).
Ironiquement, aujourd’hui, les Internautes n’ont aucun contrôle sur leurs propres adresses IP, alors que les Doubleclick, Facebook et compagnie bâtisssent une importante partie de leur empire commercial en développant une intelligence comportementale sur chacune d’elles.