Mauvaise nouvelle pour les développeurs d’applications Twitter: Le responsable de la plateforme de Twitter, Ryan Sarver, vient d’annoncer clairement via forum interposé que Twitter ne souhaitait plus voir de développeurs sortir des applications Twitter qui permettent de faire ce que les applications officielles de Twitter font, c’est-à-dire follower, tweeter et searcher:
Des développeurs nous ont demandé si ils pouvaient développer des applications qui mimiquent ou reproduisent l’expérience du client officielle Twitter […] la réponse est non
Sous couvert que trop d’applications différentes amènent de la confusion du côté utilisateur, Twitter durcit le ton et veut imposer son propre client à la plus grande partie de ses utilisateurs. L’API Twitter ferme donc ses portes aux développeurs cherchant à nous offrir de nouvelles expériences, sans pour autant se couper complètement de son écosystème: Les applications comme SocialFlow, Sulia, Klout, Hootsuite, et Foursquare, ont toujours un accès whitelisté à l’API. Par contre, Tweetdeck, les apps de la Ubermedia family, Plume, Powertwitter, et d’autres sont toutes des applications dans la ligne de mire des censeurs de l’API Twitter.
Cette news fait mal, mais on ne peut pas dire que nous ne l’avions pas vu arrivé: Il y a un an, on prévenait déjà dans un article Quand Twitter dira stop, que le rôle crucial que jouaient les développeurs dans le développement de la startup ne pourrait pas durer. Septembre 2010, on couvrait également l’oAuthpocalypse, qui fit l’effet d’un tsunami muet sur des milliers d’applications Twitter (et qui signa la fin de la politique d’ouverture de l’API de Twitter). Finalement, on a parlé de Twidroyd et des apps d’Ubermedia le mois dernier, cas de figure qui mit en évidence le fait que Twitter ne souhaite pas que ses applications monétisent les flux de tweets à son insu. En gros, cela fait un moment qu’une ombre plane au-dessus des têtes des développeurs Twitter, et voilà maintenant que Twitter sort les armes et zigouille tous les développeurs indésirables à la volée.
Les avis sont partagés sur ce repliement « stratégique »: Twitter s’en défend en apportant l’argument du besoin d’homogénéiser le front pour les utilisateurs, ainsi que de protéger ses canaux de monétisation. Car tout repose in fine sur la monétisation de la plateforme, un casse-tête à peine résolu du côté de la boîte de micro-messaging. La semaine dernière, GigaOm écrivait:
« La semaine dernière, Twitter a fait face à une rebellion venant des utilisateurs de l’application officielle de Twitter sur le iPhone qui ont détesté le nouveau « Quick Bar ». Le Quick Bar montrent les trending topics de Twitter, et aussi les pubs et messages promotionnels à destination des utilisateurs mobile. […] De mon point de vue, les problèmes de Twitter sont loin d’être finis tant que la boîte ne fait pas le choix d’un business model clair, et que celle-ci ne commence à façonner son identité ainsi que son entreprise autour de ce modèle. »
C’est effectivement le problème avec Twitter: la startup avait un plan (exceptionnel) de développement qui lui a effectivement permis de percer à l’international sans trop subir la bombe Facebook, ainsi que de récolter des centaines de millions de dollars en levées de fonds. D’un autre côté, ça a toujours été un peu la fête chez les développeurs, dont la montée en puissance de Twitter a permis à certains de dégager de généreux revenus, voir même de sérieuses levées de fonds. Ceci a été possible car Twitter n’avait jamais réfléchi à son business model, et comme toute startup californienne, ses fondateurs ne voulaient pas entendre parler de modèle économique tant que le modèle technologique ne serait pas validé. Maintenant que c’est chose faite, c’est l’heure aux développeurs de rendre à Twitter ce qui appartient à Twitter.
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