(Ceci est un billet d’humeur)
Lorsque le web est arrivé sur nos écrans d’ordi, c’était un vent de liberté qui souffla dans nos foyers. A la fin des années 90, alors en pleine adolescence, je découvrais les chatrooms de Yahoo, les premiers moteurs de recherche, l’email (avec Juno gratuit). Les connexions étaient lentes (surtout avec le 56K), mais il s’agissait d’un univers vierge et porteur de nouvelles possibilités. Aurevoir démineur et solitaire !
Début 2000, je passais mes soirées de weekend à jouer à Unreal Tournament en réseau en écoutant des nouveaux sons téléchargés sur Napster que je n’aurai jamais pensé à acheter en magasin. Là je commençais à vivre un vrai changement !
Puis vers 2005, Friendster, Myspace, puis Facebook ont ajouté une nouvelle dimension à l’outil, plus social ce coup-ci. On dépendait toujours d’un ordinateur pour se connecter, mais on était en contact avec sa liste d’amis, pour partager des photos et s’inviter aux soirées.
Le dernier souffle fut l’arrivée des smartphones, qui simplifia tout et rendit tout accessible. Du coup, alors que le web était encore une affaire de jeunes ou de geeks, il est devenu le principal média par lequel nous faisions tout. Les moins geeks d’entre nous sont devenus les plus accrocs à leur téléphone, renversant complètement la tendance des premiers jours. C’était l’ère du tout, partout, tout le temps.
Du coup, sans vouloir y croire jusqu’à la dernière seconde, nous sommes entrés dans l’ère du big brother, où nous partageons volontairement notre vie avec le Système que nos gouvernements administrent de mieux en mieux.
Seulement voilà, j’en viens à me fatiguer du web en général. Je dépends toujours du medium pour le travail, mais il ne me fait plus vibrer. Il n’y a plus d’innovation majeure. Le e-commerce est le même depuis 10 ans. Les moteurs de recherche aussi. Sans parler de Wikipédia qui semble n’avoir jamais changé de design depuis sa création. Facebook a avalé toutes les technos sociales pour devenir la plateforme officielle de l’ennui. Chaque nouvelle startup annoncée comme le game-changer n’est rien de plus qu’une nouvelle fonctionnalité dans ce grand web qui vieillit. La logique de marché qui domine le web l’a rendu inerte. Je recherche désespérément le divertissement avec 9gag et Netflix. Surtout, le web n’a rien arrangé : mon voisin est toujours cet inconnu avec qui j’échange un bonjour ou une discussion stérile de temps en temps alors que nous avons tellement en commun, les inégalités sociales sont toujours aussi fortes, et les guerres sont toujours le principal moteur de nos économies. Qu’avons-nous donc achevé avec ces bijoux de technologie que nous avons tous entre nos mains ?
Le web se meurt doucement mais sûrement. Au passage, nous avons abandonné tous nos savoirs-faires, toutes nos connaissances, parce qu’il suffit de les googler pour y accéder. Une coupure d’électricité et nous voilà tous retombés à l’âge de pierre. Je pense cependant qu’une nouvelle technologie va se développer, qui prendra en compte les risques inhérents au web pour les contourner. Une nouvelle technologie qui sera intrinsèquement conçue pour pallier aux problèmes les plus fondamentaux de nos sociétés. Une nouvelle technologie qui nous rendra plus fort, et vis-à-vis de laquelle nous pourrons rester indépendants. Du moins je l’espère.