La City de Londres se prépare depuis plus d’un an à la sortie par la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. Les grandes banques envisagent une relocalisation de certaines de leurs activités afin de garantir leur accès au marché européen (leur fameux « passeport financier »). Cette relocalisation constitue bien évidemment une aubaine pour les pays voisins, membres de l’Union Européenne, qui ont déployé tout un éventail de stratégies destinées à attirer ces activités bancaires.
L’Irlande joue la proximité
L’Irlande peut s’attendre à recevoir une part significative de ces activités bancaires, en raison de la réglementation irlandaise en matière financière ainsi que de la proximité culturelle et linguistique avec Londres, facilitant le déménagement. Cependant, l’ampleur de l’impact du Brexit sur l’économie irlandaise fait hésiter les stratèges des grandes banques de la City, bien que les indicateurs économiques prévoient une croissance relativement favorable pour l’économie irlandaise à court terme.
La France joue le dynamisme
Jusqu’à l’élection d’Emmanuel Macron, la France ne semblait pas susciter d’engouement particulier comme destination pour les établissements bancaires londoniens. Mais la volonté du président nouvellement élu de mener à bien des réformes structurelles dans le domaine économique semble convaincre les milieux financiers, les dirigeants des banques de la City ayant d’ailleurs préféré attendre l’issue de l’élection présidentielle française avant toute prise de décision.
L’Allemagne joue la stabilité
La proximité d’importants établissements financiers (BCE et Bundesbank notamment) à Frankfurt constitue un atout important pour l’Allemagne dans la compétition qu’elle mène avec l’Irlande et la France. Ses autres principaux atouts résident dans la confiance des investisseurs en l’Allemagne (ayant l’économie la plus solide de la zone euro), dans l’existence sur place d’une masse de personnel qualifié, ainsi que dans le prix de l’immobilier, très loin des excès londoniens en la matière. Ainsi, cinq banques d’investissement américaines (JP Morgan, Morgan Stanley, Goldmansachs, Citygroup et la Bank of America) ont d’ores et déjà annoncé le transfert d’un total de plus d’un millier d’employés vers « Mainhattan », un des nombreux surnoms de la ville.
La course entre les trois concurrents semblait devoir aboutir à la victoire de l’Allemagne et de l’Irlande, mais l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron et ses promesses de réformes économiques semblent avoir changé la donne. La politique libérale et l’attitude « pro-business » du président élu semble séduire les stratèges londoniens. La concurrence s’annonce vive dans les mois et les années à venir pour s’assurer la part la plus juteuse des relocalisations bancaires dues au Brexit.