Avoir autant d’informations confidentielles entre les mains, c’est une énorme responsabilité.
Cette phrase tirée de l’interview de Yann Philippin dans le journal Libération, résume en quelques mots la responsabilité du journaliste lorsqu’il doit diffuser une information. Une responsabilité qui est devenue encore plus urgente avec le développement des leaks.
Leak signifie fuite en anglais. Réaliser un leak consiste à récupérer une ou plusieurs informations sur un serveur qui ne vous appartient pas : techniquement, c’est illégal. Par conséquent, comme son nom l’indique, un leak dans le milieu journalistique est une fuite d’informations. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, utiliser un leak n’est pas simple. Toutes les informations présentes dans le leak doivent être vérifiées. Il n’y a aucune différence entre les informations d’un leak et une autre, si ce n’est leur provenance.
L’objectif d’une équipe de journalistes qui travaille sur un leak, c’est de faire le tri.
Diffuser les informations d’un leak sans les vérifier, les étudier au préalable présente une multitude de dangers comme la divulgation de faux. L’exemple du #macronleak publié sur réseaux sociaux pendant l’entre-deux tour de l’élection présidentielle illustre bien ce cas. Ce leak a été diffusé brut, les documents qu’ils comportaient n’ont pas été étudiés, laissant place à la spéculation. L’épisode des Macron leaks rappelle également l’épisode de Wikileaks dénoncé par Daniel Dommscheit-Berg dans son livre Inside Wikileaks où Julian Assange met en danger la vie de dizaines de personnes en se pressant de publier des documents en masse et non-anonymisés.
C'est la méthode pour #MacronLeaks qui choque. C'est un vol puis une diffusion en vrac. Du banditisme très loin du journalisme.
— 𝑨𝒙𝒆𝒍 𝑹𝒆𝒊𝒏𝒂𝒖𝒅 (@areinaud) May 6, 2017
La vraie question est de savoir comment utiliser un leak. Selon l’interviewé, la méthode d’utilisation du leak est la suivante : « C’est de passer des centaines et des centaines d’heures (…) à analyser cette masse de données et à sélectionner ce qui mérite d’être dévoilé.» Cette méthode n’est pas le plus objective, et peut facilement mener le data-miner à des dérives de conviction personnelle. Le leak pose de nombreux problèmes, notamment sur sa nature et les moyens de l’utiliser. Quelle méthode utilisée ? Il y a-t-il une éthique à prendre en compte ?
À la question « Il y a une éthique, dans un leak ? », Yann Philippin répond : « Il doit y en avoir une ».