La France était l’invité d’honneur du salon de livre de Francfort. Emmanuel Macron et Françoise Nyssen, en inaugurant l’évènement en compagnie d’Angela Merkel, ont réaffirmé à l’occasion l’engagement du gouvernement en faveur d’une Europe culturelle. En marge de la manifestation, la ministre de la Culture a signé une tribune dans laquelle elle détaille un ensemble de mesures qu’elle espère mettre en place, à commencer par un « Erasmus de la culture ».
Le programme Erasmus, qui vient de fêter ses 30 ans et dont Françoise Nyssen veut s’inspirer, permet la mobilité des étudiants dans 33 Etats européens. Sur le même principe, le projet vise à favoriser les mouvements des citoyens, des artistes et des professionnels d’un pays à l’autre. Cette mesure s’inscrit dans a continuité du discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron dans lequel il appelait à faciliter la circulation des idées et des cultures.
Jumeler les musées européens
Françoise Nyssen compte proposer aux autres ministres européens de la Culture de mettre en place des expérimentations dès 2018. L’une d’elles consisterait à jumeler les musées. On pourrait rapidement voir des conservateurs du patrimoine travailler pour quelques mois dans un autre lieu à l’étranger. Ils vivront peut-être à la manière du film « L’auberge espagnole » mais surtout auront l’opportunité de partager leurs expériences et de confronter leurs méthodes de travail.
Pour favoriser la circulation des citoyens, cet Erasmus de la culture comprendrait un pass culture européen s’inspirant du modèle mis en place en Italie. Le « bonus culture » transalpin octroie aux jeunes atteignant leur majorité une somme de 500 euros devant être dépensé dans un but culturel. Édouard Philippe a confirmé, lors de son discours de politique générale, la mise en place d’un dispositif similaire en France.
Tenir compte des écueils rencontrés par le système italien
Les réflexions sur la mise en œuvre de ce pass culture à l’échelle européenne pourraient débuter l’année prochaine. Elles devront tenir compte des écueils rencontrés par les Italiens. Le dispositif s’est parfois retrouvé dévoyé avec des jeunes échangeant leur chèque contre de l’argent liquide avec la complicité de commerçants. Globalement, le bonus culture n’a pas rencontré le succès escompté et seul 60 % du public cible l’a sollicité.
La France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne seraient favorables à cet Erasmus de la culture. Et, si le projet a vocation de lutter contre les obscurantismes, il a aussi un intérêt économique et social : en Europe, sept millions de personnes travailleraient dans les industries culturelles. Mais surtout, il pourrait contribuer à raviver un projet européen moribond car selon Françoise Nyssen : « c’est par la culture que l’Europe est née, c’est donc par la culture qu’elle doit être refondée ».
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