Nicolas Sadirac, né le 11 mai 1968, est un entrepreneur français spécialisé dans l’enseignement aux métiers du digital, co-fondateur d’Epitech en 1999, de (l’école) 42 en 2013, et de la pédagogie 01 Edu System en 2019.
Nicolas Sadirac est né à Mongo au Tchad. Au début des années 1980, il joue au rugby avec le Racing Club de France. Son équipe gagne le championnat de France, et reçoit en récompense un voyage à Los Angeles pour assister aux Jeux Olympiques de 1984. Nicolas Sadirac est le porteur de sac de Thierry Vigneron (saut à la perche) lors des compétitions. Profitant de son passage à Los Angeles, il passe un test SAT à UCLA, décroche une bourse et choisit de rester étudier à Los Angeles. Il y passe ensuite les Olympiades mathématiques qui lui permettent d’obtenir une bourse pour poursuivre ses études à Stanford, où il décroche un Master en physiques en 1989.
Nicolas Sadirac travaille d’abord un temps comme chercheur R&D matériaux de composants chez Sony. Il sort diplômé ingénieur réseaux, systèmes et sécurité de l’Epita en 1992, et crée Intrinsec puis Intexxia, deux sociétés de sécurité informatique. Intrinsec est créé avec quatre autres élèves de l’Epita, et offre des tests d’intrusion, principalement pour le compte d’instituts militaires ou académiques. Dans les années 1990, Nicolas Sadirac est un “hacker” notoire, connu pour avoir piraté les plans du Rafale et des distributeurs de billets.
En 1995, Nicolas Sadirac créé la filière systèmes, réseaux et sécurité de l’Epita qu’il dirige pendant quatre ans. En 1997, il encadre la création de l’association de robotique du Groupe IONIS (association devenue Evolutek en 2002). L’association crée des robots pour participer aux premiers concours de robotique organisées en France par E=M6 et Planètes sciences.
Nicolas Sadirac trouve contre-productif le lancement par l’Epita des diplômes d’ingénieurs standardisés sur les normes de la Commission des titres d’ingénieurs. En 1999, il opère un un schisme pédagogique et fonde l’Epitech au sein du même groupe. Il y développe la pédagogie qui préfigure celle de l’École 42 quinze ans plus tard. En 2000, il pirate le site du Premier Ministre français lors d’une émission de télévision. En garde-à-vue suite à cet exploit devant les caméras, il rencontre Xavier Niel, lui aussi en détention provisoire pour d’autres faits de piratage. Nicolas Sadirac obtiendra finalement, 8 ans après les faits, une condamnation à 15 jours de travaux d’intérêt général.
Nicolas Sadirac et François-Afif Benthanane, après une première collaboration au travers la fondation Zup de Co pour réduire le décrochage scolaire, décident de s’attaquer au problème de l’insertion professionnelle des jeunes décrocheurs dans les quartiers. En 2010, ils fondent la Web@cadémie, un cursus gratuit de deux ans destiné à former les jeunes de 18-25 ans au développement web. Lorsque Xavier Niel apprend que l’une des flèches montantes du pôle informatique de Free, passée par la Web@cadémie avant de rejoindre son entreprise, était vendeuse de hamsters chez Animalis à peine deux ans auparavant, le mogul des télécommunications développe soudain un intérêt grandissant pour les méthodes de formation mises au point par Nicolas Sadirac.
Le 15 juillet 2013, Nicolas Sadirac inaugure (l’école) 42, une école supérieure de formation aux métiers du digital co-fondée avec Xavier Niel (mécène), Kwame Yamgnane et Florian Bucher. En s’affranchissant des contraintes du système éducatif français, à 42, Nicolas Sadirac approfondit encore le modèle qu’il avait développé à l’Epitech, jusqu’à atteindre un système 100% peer-to-peer (sans professeur, sans curriculum..). Le nom, 42, est inspiré de la réponse de l’ordinateur quand on l’interroge sur le sens de la vie dans le roman Le guide du routard intergalactique de Douglas Adams. En 2015, Nicolas Sadirac initie un partenariat entre 42 et HEC Paris pour accélérer les projets croisés entre les deux écoles. En 2016, 42 est lancée aux États-Unis, développe de nombreux partenariats à l’international, et ouvre à Lyon en 2017. Au sein de 42, Nicolas Sadirac développe également la plateforme baptisée “la Matrice” qui permet aux entreprises de faire travailler les étudiants autour de problématiques concrètes. Mi-2018, Nicolas Sadirac quitte la direction de 42.
Début 2019, Nicolas Sadirac annonce le lancement de Zone 01, un nouveau type d’écoles d’apprentissage aux métiers du digital supporté par sa nouvelle plateforme 01 Edu System. Contrairement à 42 et ses 10,000 élèves annuels, avec Zone 01, Nicolas Sadirac vise 1 million d’élèves formés en 15 ans, principalement dans les pays en voie de développement. Le modèle économique (analogue à celui d’un centre de formation sportif) prévoit d’identifier les meilleurs talents du numérique, de les former gratuitement, puis de partager la valeur ajoutée ainsi créée. Afin d’atteindre ces objectifs, Nicolas Sadirac a prévu de garantir un système de croissance exponentielle dans lequel une partie importante de la valeur ajoutée générée sera réinvestie dans la création d’autres écoles. Ainsi, chaque école aura l’obligation de créer deux nouvelles écoles chaque année. La plateforme logicielle 01 Edu System, reconstruite de zéro en intégrant les expériences Epitech et 42, ainsi que les dernières technologies et avancées des neurosciences, catalyse l’“intelligence collective” en plaçant la co-création au centre du processus d’apprentissage. Nicolas Sadirac prévoit d’étendre les domaines d’apprentissage à l’art, le design, le biomédical…
Nicolas Sadirac est l’un des principaux porteurs en France de la pédagogie active et collective où l’apprentissage s’effectue dans l’exécution et le travail en groupe. Il applique concrètement ces principes dès 1999 lorsqu’il crée l’école d’informatique Epitech, alors un schisme pédagogique avec l’Epita. Reprise en 2013 par 42, la pédagogie développée par Nicolas Sadirac ne propose pas de cours, pas de professeurs (ni coachs ni mentors), ni de contrôles de connaissances.
« Ici, on n’apprend pas le codage, mais on l’utilise pour résoudre des problématiques ». Selon Nicolas Sadirac, dans un environnement où les échanges entre humains et machine se font en temps réel, l’élève s’auto-éduque rapidement pour comprendre et adresser chaque problématique rencontrée. L’école supérieure n’est plus concurrentielle dans la course aux connaissances, et se transforme alors en “accélérateur de potentiel”. Elle structure l’élève dans un cycle perpétuel de recherche d’innovation, et le forme à la puissance du peer-to-peer pour co-créer des solutions à grande échelle. « En fait, nous ne travaillons que sur les comportements. C’est ça la vraie clé, le savoir-être ».