Cette semaine, la NASA diffusait une vidéo montrant l’ampleur des déchets spatiaux qui gravitent autour de l’atmosphère terrestre. Y a-t-il de quoi nous préoccuper ?
Le débris spatial se compose de satellites, fusées et sondes détruites, tombées en panne ou celles dont leur durée de vie est terminée, ou tout simplement des corps à la dérive qui résultent lors de l’entrée en collision de deux objets en orbite. Le débris spatial risque d’endommager les objets qui sont toujours en fonctionnement, et qui, après un heurt, se transformeraient à leur tour en débris, risquant d’endommager d’autres objets, et ainsi de suite… Dans une société globale de plus en plus dépendante des services fournis par un énorme réseau de satellites, c’est un danger qu’on ne peut pas négliger.
Combien de vaisseaux spatiaux et pièces de ferraille gravitent autour de l’atmosphère ? Les chiffres varient selon les sources : la NASA affirme qu’il y a près de 7 000 tonnes de débris spatiaux, pendant que l’Encyclopedia Britannica maintient qu’ils existent 14 000 objets de plus de 10 cm de diamètre et des millions de pièces de moins d’un cm flottant autour de nous. Selon les chiffres de l’Union of Concerned Scientists (USC) Satellite Database, seulement 1,419 des objets qui gravitent autour de la Terre sont des satellites en fonctionnement.
Le trafic spatial est de plus en plus dense, ce qui pourrait poser à moyen et long terme des nombreuses difficultés. Des outils de recherche scientifique, tels le télescope Hubble, pourraient être en risque à cause d’un impact. Le trafic pourrait affecter aussi les lancements de vaisseaux. On n’en est pas trop loin : en septembre 2019, deux satellites, l’un appartenant à l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et l’autre à SpaceX Starlink Satellites ont été proches à entrer en collision. Le choc a été évité grâce à une manœuvre évasive de l’ESA. Au cas le plus extrême, si le trafic devient trop dense, les fusées ne pourront plus être lancées, et on serait toujours alerte des possibles coupures de service cellulaire.
Y a-t-il des objets spatiaux qui rentrent sur Terre ? Si un vaisseau gravite proche à l’atmosphère, et son combustible s’épuise, il peut tomber à nouveau sur notre planète. Dans la plupart de cas, il se désintégrera lors de la chute ; mais s’il s’agit d’un objet plus volumineux, tout à fait comme craignaient les personnages d’Astérix, le ciel risque de nous tomber sur la tête. En 2016, la Chine a perdu le contrôle de la Tiangong-1, la première station spatiale chinoise, avec une masse d’environ 8,5 tonnes, qui finalement se désintégra sur le Pacifique après deux ans de suspense. Selon l’ESA, la probabilité qu’une personne subisse l’impact d’un fragment de débris spatial est 10 millions de fois inférieure à la probabilité d’être impactée par la foudre. Il faudra quand même prendre nos précautions, au cas où…
Fait curieux : La plupart des débris volumineux qui tombent à terre et ne se désintègrent pas finissent dans un endroit de l’océan Pacifique qu’on appelle, peu cérémonieusement, le Cimetière de vaisseaux spatiaux, ou Spacecraft Cemetery. Il est situé au « point Nemo » : le point de l’océan le plus éloigné de toute forme de civilisation humaine, exactement ici : 48° 52′ S, 123° 23′ O1.
Un facteur qui pourrait accélérer la prolifération de ferraille dans l’orbite terrestre est la nouvelle course à l’armement des puissances spatiales. En mars 2019, l’Inde a abattu le satellite Microsat-R avec un missile, créant des milliers de débris; c’est le quatrième pays à démontrer sa force militaire dans les terrains spatiaux, après la Chine, la Russie et les États Unis, qui ont annoncé en août 2018 la création de la US Space Force (« Force spatiale des États-Unis », au style des films sci-fi). Des facteurs hors du contrôle humain, tels que les astéroïdes, le vent solaire ou les interférences électromagnétiques doivent aussi être pris en compte.
De nombreuses entreprises aérospatiales commencent à développer des technologies pour faire face au problème. La compagnie japonaise Astroscale est en voie de construire le prototype d’un dispositif pour retirer les satellites d’orbite. Des projets comme RemoveDEBRIS ou le radar Kiwi Space Radar de la compagnie Néo-Zélandaise LeoLabs sont engagés sur le même chemin. Mais ce n’est que le tout début : il faudra un effort international, et une forte coordination entre le domaine publique et privé, pour vaincre l’épreuve que pose un présent qui s’approche de plus en plus aux clairvoyances dystopiques du futur.