Sept éditeurs indépendants veulent quitter Presstalis

Plusieurs maisons ont déclaré la création d’une nouvelle organisation : Coopérative des Éditeurs Libres et Indépendants, ou CELIN.

Comme pour l’ensemble des activités économiques, la presse écrite en au monde entier est une victime collatérale du malaise qui met le globe en crise depuis le début de l’année, le COVID-19. C’est un nouvel obstacle dans la course pour la subsistance des médias imprimés, qui connaissent des conditions de plus en plus difficiles depuis que les outils d’information en ligne sont apparus.

En France, le géant de la distribution de presse Presstalis est désormais au bord de la liquidation. Suite à des difficultés financières que le groupe entraîne depuis plusieurs années et qui se sont amplifié au cours du passage de la crise sanitaire, l’organisation de maisons d’édition est désormais en cessation de paiements.

Malgré les plans de sauvetage des organisations privée et du gouvernement, la société n’arrive pas à reprendre son élan. Face à ce pronostique incertain, Presstalis serait encore en cours de perdre des importants éléments de son collectif.

Cette semaine, sept éditeurs indépendants, dont les groupes qui détiennent les magasins Première, Le journal de Mickey et Society, d’entre autres, ont déclaré la création d’une nouvelle organisation de nom Coopérative des Éditeurs Libres et Indépendants, ou CELIN.

Dans un communiqué diffusé par les agences informatives ce jeudi 29 avril, le nouveau groupe a tracé les motivations et les axes d’action de son association, pendant qu’il est à l’attente de sa constitution légale, assurée par les termes de la nouvelle loi « Bichet ». Ce procès devrait s’achever dans quelques jours.

Les groupes médiatiques involucrés dénoncent dans l’écrit que « les éditeurs indépendants et entrepreneurs sont les laissés pour compte des discussions » entre l’État et le géant de distribution, et qui de plus seraient « confrontés depuis la cessation de paiement de Presstalis à un impératif commun, restaurer la trésorerie de nos entreprises, protéger nos emplois, assurer notre indépendance de distribution et notre avenir, brutalement mis en péril. »

Bien qu’ils précisent aussi qu’ils assurent avoir « tous cherché à s’associer à une solution qui préserve la filière dans son ensemble », le résultat « des positions qui semblent irréconciliables » et les difficultés financières de la société de distribution seraient derrière ses motivations pour fonder une nouvelle association.

De même, les éditeurs indépendants rappellent que depuis décembre 2019 ils ont été interdits de « changer librement de messagerie », notamment vers Messageries Lyonnaises de Presse (MLP), deuxième groupe de distribution de presse écrite en France, hormis les pénuries auxquelles ils sont sujets à Presstalis.

À cette date-là, le gouvernement à travers l’Autorité de régulation de la distribution de la presse (ARCEP) avait « gelé » les mouvements des maisons d’édition françaises pendant six mois, question d’éviter des départs en série et préserver l’intégrité de Presstalis.

CELIN précise que son plan d’action portera sur trois axes, dont recouvrer la liberté de diffusion des éditeurs, obtenir la « juste compensation et contribution au regard des pertes passées » et « assurer sur le long terme un coût de distribution adapté » à chaque publication.

La liste complète intègre les maisons des Cahiers du Cinéma, Éditions Jibena, Hildegarde (Première, Première Classics, Studio, Causette et Le film français), Panini France, Royalement Vôtre Editions (Point de vue), SoPress SoFoot, Society, SoFilm, So Foot Club, SoFilm, Dolittle, Pedale, Tampon, The Running Heroes Society, L’etiquette et Tsugi) et Unique Heritage Media (Journal de Mickey, Picsou Magazine, Super Picsou Geant, Mickey Junior, Mickey Parade, Disney Princesse et Disney Girl).

Presstalis a été obligée a restructurer en 2018, lors d’un plan de sauvetage du gouvernement.

Cette année, au cours de la troisième semaine d’avril, Presstalis déposait officiellement son bilan au tribunal de commerce. La cessation de paiements de la société a été rendue effective dès ce même jour, car le groupe « se trouve désormais dans l’impossibilité de faire face à ses engagements financiers », d’après les mots du PDG du groupe, Cédric Dugardin. Cependant, lui-même il assurait que la procédure sera « sans conséquence inmédiate », dans une lettre à ses salariés

Le patron de Presstalis accuse « la crise sanitaire sans précédent que traverse notre pays et la réduction des volumes fournis par un certain nombre d’éditeurs » pour la nouvelle pénurie que vit le groupe.

À la mi-avril, l’État français a annoncé des nouvelles aides pour l’ensemble de la filière la filière presse-audiovisuel. Pour sa part, le ministre de la Culture, Franck Riester, s’est engagé depuis quelques semaines à « tout faire pour qu’il n’y ait pas de rupture dans la distribution de la presse ».

Presstalis compte aujourd’hui avec près du 75% des maisons d’édition dans son portefeuille, raison pour laquelle les analystes ont exprimé à plusieurs reprises le risque d’une perte quasi totale de la distribution de la presse écrite en cas de faillite du groupe.

Initialement prévue pour aujourd’hui, l’audience de Presstalis au tribunal de commerce de Paris a été reportée pour après le début du déconfinement, le 12 mai.