Grand succès pour l’industrie aérospatiale privée ce dimanche 31 mai 2020. La compagnie SpaceX est parvenue à transporter en toute sécurité deux astronautes de la NASA vers la station spatiale internationale (ISS) avec ses propres engins : la fusée Falcon-9 et la capsule Crew Dragon. Le décollage, réalisé la veille depuis Cap Canaveral, est par ailleurs le premier vol spatial habité qui s’effectue aux États-Unis depuis neuf ans.
Lundi 25, l’agence spatiale américaine et SpaceX donnaient feu vert à la mission « Launch America », ultime essai de l’entreprise pour se certifier en tant que service de « taxi » spatial, suite à près d’une vingtaine d’années d’épreuves, quelques succès et une quantité non-négligeable de faillites.
Communiquant l’accord, SpaceX se tournait sur Twitter pour ajouter que l’opération conjointe serait réalisée depuis la plateforme de lancement 39A, « le même endroit où Saturne V a lancé l’humanité vers la Lune et d’où ont décollé les premières et dernières missions de la navette spatiale ».
Malgré l’optimisme perçu, un premier décollage initialement programmé pour mercredi 27 a été avorté rien qu’à 15 minutes de l’heure prévue dû à des conditions climatiques défavorables. Rien de moins qu’une tornade était en mesure de mettre en péril un des lieux de récupération de la capsule habitable en cas de faillite. Au déplaisir des milliers de spectateurs mondiaux collés depuis des heures à ses écrans pour regarder la retransmission en « live » de l’évènement, il fut annoncé que la mission serait reportée jusqu’à samedi.
Le jour du deuxième tour arrivé, la météo de la Floride ne semblait pas vouloir abandonner les pluies et éclairs. Or, au même moment où les commentaires en ligne prévoyaient un nouveau report, les cieux redevenaient bleus et la compte à rebours d’une minute était annoncée par les opérateurs.
Aux 15h22 locales, la Falcon-9 s’élevait sans encombre vers les limites de l’atmosphère terrestre. Une quinzaine de minutes après, la fusée de première étape se séparait de l’engin habitable et retournait en sécurité sur la plateforme auto-dirigée « I still love you » pour une prochaine réutilisation. Au même temps, la capsule Crew Dragon atteignait l’orbite et initiait son parcours final de 19h vers la ISS.
Sur terre, un Elon Musk au bout des larmes prenait la parole en point de presse post-lancement. « Je suis assez dépassé en ce moment. J’ai du mal à parler, cela fait 18 ans que nous travaillions avec cet objectif. J’ai du mal à croire que c’est finalement arrivé », dit-il. « On peut penser à cela comme le résultat final des efforts d’une centaine de milliers de personnes, si l’on tient en compte tous les fournisseurs et l’ensemble des gens qui ont travaillé énormément pour que ce jour arrive », il ajouta.
Les déclarations du PDG de SpaceX et Tesla ont trouvé écho dans les déclarations du mandataire américain, Donald Trump, qui assura que la mission démontrait que l’avenir « est en mains de l’industrie spatiale privée ».
La navette devait toutefois compléter son opération plus délicate. À 14h16 GMT, l’entreprise informait que la Crew Dragon avait bien amarrée avec la station internationale. Depuis, il fallut toujours près de 3 heures pour que les astronautes Bob Behnken et Doug Hurley, puissent rejoindre ses collègues dans l’ISS.
« Le monde entier a suivi cette mission et nous sommes tellement, tellement fiers de tout ce que vous avez fait pour notre pays », les félicitait alors le directeur de la NASA, Jim Bridenstine.
Les deux membres d’équipage avaient auparavant rebaptisé la capsule comme « Endeavour », « en raison de cette incroyable entreprise » et parce que « [Bob et moi] nous avons tous deux effectué nos premiers vols à bord de la navette Endeavour et cela signifiait beaucoup pour nous de porter ce nom », expliquait mercredi Doug Hurley.
« Je suis honoré de participer à cette entreprise de neuf ans, depuis la dernière fois qu’un vaisseau spatial américain s’est amarré à l’ISS », communiquait le pilote lors d’avoir complété l’opération à 400km de la surface terrestre.
Ancien membre du militaire, Hurley a été derrière les contrôles de la dernière mission habitée de la NASA en 2011, marquant ainsi la fin d’un programme de navettes spatiales de 30 ans. Dorénavant, le pilote sera aussi connu comme le premier astronaute de cette nouvelle étape partagée entre l’agence et le secteur commercial.
Pendant ces neuf années, la NASA a dû faire appel aux services des fusées russes pour l’envoi de ses matériels et membres d’équipage dirigés vers l’ISS. Les Soyuz maintiennent un programme de plus de 60 années de décollages ininterrompus.
L’agence américaine a dès lors convoqué au secteur privé dans l’espoir de trouver une stratégie de lancements moins onéreuse. Depuis, le programme de près de 6,2 milliards de dollars a vu passer les essais de plusieurs entreprises, y compris SpaceX et Boeing. Cette dernière à connu une grande faillite l’année dernière, lorsque la Starliner ratait un vol d’essai à vide.
De cette somme, 3 milliards ont été accordés à SpaceX pour le développement d’un taxi spatial qui puisse assurer six allers-retours vers l’ISS. Depuis 2012, la société à fait preuve de ses capacités, délivrant des cargaisons à la station spatiale et améliorant ses systèmes à chaque instance.
Dorénavant, SpaceX devra passer la dernière épreuve et parvenir à faire rentrer les astronautes sains et vifs à la fin de sa mission. Le couple d’amis sont prévus de compléter son séjour dans la station spatiale en août prochain.
À ce sujet, la société d’Elon Musk annonçait il y a une semaine que : « SpaceX a réalisé près de 100 essais et vols de ses systèmes de parachutes Dragon pour des missions de transport de marchandises et est en train de développer la conception améliorée Mark 3, l’un des systèmes de parachutes les plus sûrs et les plus fiables au monde pour les vols spatiaux habités. »
Source de l’image : nasa.tv