Partout au monde, la presse écrite traverse une crise généralisée, désormais aggravée par les conséquences économiques, sociales et sanitaires de la pandémie de COVID-19. Avec la plupart des rencontres suspendues, la presse sportive n’en a pas été exemptée. En France, le quotidien L’Équipe a vu ses ventes et ses recettes publicitaires chuter à moins de la moitié de ses chiffres réguliers, ce qui se traduit par un déficit de millions d’euros pour l’année en cours qui met le journal sur le carreau.
Même le confinement terminé depuis quelques semaines, le retour des activités sportives n’est pas prévu avant le mois d’août. Une telle période d’inaction répercute directement dans les journaux spécialisés dans le sport, ce qui pourrait menacer son existence. De plus, la grande quantité des éditeurs français doivent désormais faire face à la crise que traverse Presstalis, le plus grand distributeur de presse écrite du pays qui a déposé le bilan fin avril après une longue lutte pour sa survie. Par conséquence, L’Équipe a également vu sa distribution en France réduite de 20%.
Pour faire face à cette nouvelle réalité le périodique a présenté ce lundi aux associations syndicales son « projet d’accord de performance collectif », qui inclut des réductions aux congés et aux salaires de tous ses travailleurs ainsi que des encouragements au départ à la retraite et au télétravail.
Des négociations entre le groupe et les organisations sont attendues au cours de ce mois, notamment après que ces derniers ont prévenu ses membres sur un « chantage à l’emploi » qui se préparait au sein de l’entreprise, il y a quelques jours.
Dans un communiqué issu cette semaine, le groupe médiatique assurait que « 2020 sera la pire année de la SAS L’Équipe avec un déficit de plus de 16 millions d’euros ». «Cette situation est la conséquence de la crise sanitaire (…) avec une perte de plus de 60% de la vente au numéro depuis 3 mois et une chute des recettes publicitaires de 70% », continue l’écrit.
Le projet d’accord propose une baisse des réductions au temps de travail (RTT) mettant en place un forfait jour de 207 jours par an pour chaque cadre, ainsi que l’augmentation des heures hebdomadaires de travail et l’encadrement des reporters et de la rédaction. La direction serait en mesure d’encourager les départs à la retraite, des options de télétravail d’un jour par semaine pour ses salariés ainsi qu’un forfait de 35 jours par an et la mise en place d’un compte épargne temps.
De même, les salaires pourraient connaitre une baisse annuelle « de l’ordre de 10%, à répartir entre le 13ème mois et le salaire de base ». Les augmentations collectives seraient congelées, pendant que les augmentations individuelles pourraient être maintenues. Le directeur général, Jean-Louis Pelé a confirmé qu’il irait renoncer « à 15% de sa rémunération annuelle sur la période 2020 à 2024 », pendant que les membres du comité exécutif seront soumis « à une baisse de rémunération de l’ordre de 13% ».
Pour sa part, le groupe a promis à ne pas procéder dans aucun licenciement économique jusqu’à 2024, et à réviser les termes de l’accord « si la situation économique devait s’améliorer ».
Néanmoins, le journal estime un scénario dans le rouge au moins jusqu’à 2023, avec une perte opérationnelle continue pendant 2020, 2021 et 2022 « qui oscillerait entre les 10 et les 20 millions d’euros selon les scénarios de reprise économique ». Telle est la perspective du groupe, compte tenu que les calendriers sportifs pour les années qui viennent sont bien nourris : en 2021, les Jeux olympiques à Tokyo et la coupe Euro seront célébrés, pendant que la Coupe du monde de football et les Jeux Olympiques d’hiver auront lieu en 2022.