Ingrid Daubechies est née en 1954 dans la commune néerlandophone de Houthalen-Helchteren, une petite agglomération ne compte qu’avec 10 000 habitants à l’époque. Ici, elle habite avec ses parents, la criminologue Simone Daubechies (née Duran) et le génie minier Marcel Daubechies. Enfant prodige, dès très tôt elle développe une capacité remarquable pour le raisonnement mathématique.
Elle assiste au lycée dans la ville la plus proche, Hasselt, et à 17 ans elle déménage à la capitale belge pour poursuivre des études en Physique à la Vrije Universiteit Brussel (VUB).
Après avoir obtenu sa licence, en 1975, elle collabore avec le physicien franco-croate Alex Grossman au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Marseille au cours des deux prochaines années. En 1980, elle décroche un doctorat en théorie physique de son alma mater.
À la VUB, pendant qu’elle poursuit ses recherches en physique quantique initiées au CNRS, elle est nommée professeure assistante de recherche en 1981, et plus tard professeure associée de recherche en 1985. Dans cette période, elle reçoit sa première récompense d’importance, le prix Louis Empain de physique, accordé aux scientifiques belges de moins de 29 ans. En 1986, est invitée à l’Institut Courant de sciences mathématiques de New York, séjour pendant lequel elle fera une des découvertes qui marquera son parcours scientifique.
En ce moment, son travail résulte dans des développements importants concernant les ondelettes, des opérateurs mathématiques généralement employée dans le champ du traitement de signaux. Ceux-ci permettent de réaliser des analyses plus rapides de grands ensembles de données. À différentes époques, Ingrid Daubechies était déjà parvenue à introduire la transformée en ondelettes continue (avec Alex Grossman), et la reconstruction de données à partir du même outil mathématique (avec Yves Meyer et M Grossman).
En 1987, la même année où elle part définitivement aux États-Unis pour continuer son labeur scientifique aux laboratoires Bell de New Jersey, la physicienne tournée mathématicienne aboutit au développent des ondelettes à support compact. Dans les années à venir, son travail sur cet outil mathématique répercute sur différentes disciplines, notamment celle du traitement d’images numériques dont les méthodes basées sur les trouvailles de Mme Daubechies sont employées jusqu’à nos jours.
Sept ans après, elle intègre la faculté de l’Université de Princeton, devenant ainsi la première professeure de mathématiques titulaire dans l’histoire de cette institution. En 2000, elle marque à nouveau une première pour les femmes ayant été reconnue avec le Prix de mathématiques de l’Académie nationale des sciences du pays nord-américain.
En 2011, elle a rejoint le département de mathématiques de l’université Duke, à Caroline du Nord. Elle devient la première femme à être nommée à la tête de l’Union mathématique internationale, poste qu’elle occupe de 2011 à 2014.
Outre ses contributions à la numérisation des images, à ce jour plus d’une centaine de ses travaux de recherche proposent des applications mathématiques sur des champs si diverses comme la restauration d’œuvres d’art, l’ingénierie électrique et la biologie de l’évolution. En 2016 la Fondation Simons lui a accordé le prix Math+X, doté de 1,2 millions de euros, pour ses collaborations interdisciplinaires.
En 2020, Ingrid Daubechies et ses collègues Yves Meyer, Terence Tao et Emmanuel Candès ont reçu le prix Princesse des Asturies dans la catégorie de Recherche scientifique et technique.
En 1987, elle marie le mathématicien Robert Calderbank. Le couple c’est rencontré pour la première fois lors d’un programme d’échange à Bruxelles. Ils ont deux enfants ensemble, Carolyn et Michael Calderbank.
Elle est membre de plusieurs groupes scientifiques en différents pays, d’entre lesquels figurent, d’entre autres, l’Académie américaine des arts et des sciences (1993), l’Académie nationale des sciences des États-Unis (1998), l’Académie royale néerlandaise des arts et des sciences (1999), et l’Académie des sciences française (2009).
En plus de son intérêt pour les mathématiques, elle est passionnée de l’art et la confection.
Le roi Albert de Belgique lui a nommée Baronnasse en 2012.
• « Orthonormal bases of compactly supported wavelets », Wiley Periodicals, Inc., 1988
• « Ten lectures on wavelets », Society for industrial and applied mathematics, 1992 (ISBN 978-0-898712-74-2)