Mardi 14 juillet, le gouvernement de Grande Bretagne a résolu que l’entreprise télécom chinoise ne pourra pas participer au marché 5G du pays citant des risques à la sécurité. Le nouveau dictat interdit l’acquisition de nouveaux appareils de la marque à compter de la fin 2020, de plus que ceux qui sont actuellement en opération devront être retirés d’ici quelques années.
L’annonce a été faite par le ministre britannique chargé de la culture et du numérique, Oliver Dowden lors d’une réunion du NSC (le Conseil de sécurité nationale) à la Chambre des communes. « Ce n’a pas été une décision facile », déclara-t-il alors, « mais c’est la bonne pour les réseaux de télécommunications britanniques, pour notre sécurité nationale et notre économie à court et long terme ».
Un des plus importants fournisseurs de technologie 5G au monde, Huawei est le sujet des méfiances de de certains alliés de Washington depuis quelque temps, lorsque des rumeurs reliant la compagnie télécom et le gouvernement chinois ont émergé il y a trois années. D’après ceux-ci, Beijing aurait obligé les compagnies chinoises à installer des « backdoors » dans ses dispositifs qui seraient destinés à l’espionnage et l’extraction de données sensibles de millions d’utilisateurs partout au globe.
Malgré cela, en avril 2019 le Royaume-Uni avait approuvé l’inclusion de Huawei dans le déploiement du réseau 5G du pays. Dans les mois suivants, le NSC avait limité sa participation au 35% de l’infrastructure télécom ainsi qu’elle précisait que la compagnie ne pourrait pas intervenir dans les sections névralgiques du réseau.
À ce moment, le chef de l’intelligence britannique, Sir Andrew Parker, avait assuré que l’inclusion de Huawei n’irait pas affecter le partage d’informations entre son pays et la nation nord-américaine. De son côté, Le PDG de Huawei au Royaume-Uni, Jerry Wang, avait déclaré que l’interdiction serait « une grande perte pour le pays », pendant que pour sa compagnie cela ne signifierait qu’une « perte d’un pourcentage du chiffre d’affaires ».
Reprochant ces décisions, les États-Unis ont fait pression sur le Royaume-Uni pour que le pays revienne sur l’inclusion de Huawei. Depuis le début de l’année, des lobbyistes américains ont redoublé ses efforts pour convaincre les autorités britanniques. Une victoire des intérêts américains paraissait s’annoncer en mai, lorsque le Premier ministre, Boris Johnson, signalait qu’il analysait la possibilité d’exclure Huawei du réseau 5G en 2023. Les pressions ont continué en juillet de la main du secrétaire de l’armée américaine Ryan McCarthy, qui prévint les britanniques de « l’énorme menace pour la sécurité nationale » qu’était Huawei.
En 2005, la Grande Bretagne fut le premier pays européen à ouvrir son commerce au géant télécom chinois. Désormais, le Royaume-Uni est devenu le deuxième marché le plus important au monde pour Huawei, derrière la Chine. La marque a également participé dans des projets de recherche avec plusieurs institutions britanniques. En juin dernier, la compagnie a dévoilé la première étape du nouveau Huawei Campus à Cambridge, doté d’un centre d’investigation et fabrication d’instruments optoélectroniques avec un investissement initial d’environ 1,1 milliard d’euros.
Les premières doutes sur l’intervention du gouvernement chinois à l’intérieur Huawei ont émergé lors du passage d’une loi qui oblige aux compagnies siégeant en Chine à collaborer avec les agences de sécurité et intelligence contrôlées par Beijing. Depuis, les gouvernements américains et australiens ont pris des mesures contre la société télécom.
En 2018, le gouvernement américain a signé un règlement interdisant l’usage de tout appareil marqué Huawei ou ZTE par ses fonctionnaires. Plus tard, en mai 2019, des nouvelles restrictions arrivèrent pour la compagnie chinoise et ses fournisseurs aux États-Unis, qui ont dû demander un permis spécial pour tout échange avec la société télécom. Un an après, l’administration Trump a décidé de bloquer les livraisons de semi-conducteurs américains commandés par Huawei pour la fabrication de ses puces.
Depuis, les relations commerciales et politiques entre les États-Unis et la Chine sont tendues. À l’annonce des nouvelles restrictions britanniques, les analystes s’attendent désormais à un durcissement similaire dans la communication entre Londres et Beijing.
Source de l’image : Reuters