Londres, l’une des villes les plus animées au monde, a vu sa population diminuer les deux dernières années après trois décennies de croissance soutenue. Le phénomène a certainement pris de l’ampleur avec la pandémie, mais plusieurs facteurs sont en jeu.
En janvier 2021, un rapport de l’Economic Statistics Centre of Excellence a révélé que la capitale britannique avait connu un exode sans précédent pendant l’année dernière. Près de 700 000 personnes, soit environ le 10 % de la population londonienne, ont fui la ville entre 2019 et 2020. Dans le Royaume-Uni, cette perte est calculée à 1,3 millions d’habitants.
L’étude signale qu’une grande partie d’entre eux (au chiffre de 500 000) seraient des résidents étrangers, notamment affectés par la fermeture de ses lieux de travail dû aux mesures contre la COVID-19.
Avant le récent exode, Londres hébergeait environ 35 % de la population migrante au Royaume-Uni, dont un grand nombre était employé par la filière du tourisme et des services, deux des secteurs les plus touchés par la pandémie.
Outre la perte d’emploi, la grande majorité de ces travailleurs étrangers n’ont pas droit aux allocations de chômage de l’État ni aux prêts bancaires en raison de leur statut de ressortissant étranger. Dans d’autres cas, il s’agirait d’étudiants ou de membres de faculté étrangers qui face à l’éducation en ligne n’ont eu de grands motifs à rester loin de ses pays d’origine.
Londres est la ville européenne aux loyers les plus chers et se classe parmi les plus élevées au monde.
Le Brexit et les crises politiques à l’intérieur du pays seraient un des autres facteurs dans cette équation. Depuis le référendum de juin 2016, le Royaume-Uni vit les discours anti-migratoires s’amplifier. Pour plusieurs résidents étrangers, ceci serait une raison suffisante pour vouloir quitter l’île.
Le phénomène est déjà qualifié du plus important changement démographique dans l’histoire de la capitale britannique depuis la Seconde Guerre mondiale.
Cependant, cette diminution pourrait bien aussi se manifester dans d’autres secteurs de la population.
D’après une nouvelle étude de la société d’assurance habitation Urban Jungle, la plupart des jeunes Londoniens préféreraient de vivre ailleurs. Plus de la moitié des 18-34 ans enquêtés ont déclaré qu’ils aimeraient quitter la capitale après la pandémie.
D’autre côté, un nombre non négligeable d’adultes habitant à Londres cherche aussi à vivre en campagne. En 2020, les Londoniens ont acheté près de 74 000 maisons en dehors de la capitale pour une valeur de 27,6 milliards de livres ; c’est le plus grand nombre de procurations de ce type de maisons en 4 ans.
Une nouvelle étude de l’agence Savills prédit que la croissance des prix de l’immobilier à Londres sera dépassée par toutes les autres régions du pays au cours des cinq prochaines années.
L’achat de biens immobiliers en dehors de la capitale s’explique par le besoin de surfaces moins réduites que celles offertes en ville, notamment maintenant que les mesures sanitaires limitent le mouvement des personnes hors de chez soi.
Les régions de Sevenoaks, Windsor & Maidenhead, et Oxford ont connu la plus forte augmentation dans le nombre de maisons achetées par les Londoniens pendant 2020.
Face à la normalisation du télétravail, plusieurs entreprises décideraient également de réduire leurs espaces de labeur et quittent graduellement leurs locations. HSBC, KPMG, AXA et Lloyds Banking Group font partie des sociétés qui envisagent de réduire ses surfaces.
Mais les grands changements de croissance démographiques à Londres ne sont sans précédent dans l’histoire de la ville.
Après avoir établi un record mondial de population en 1939 avec plus de 8 millions d’habitants, Londres s’est désemplie à la suite des bombardements allemands. Puis, une nouvelle diminution dans le nombre de résidents c’est donnée dans les années 1970.
A compter des années 1980, la capitale britannique a commencé à faire preuve de redressement démographique. La croissance de la ville s’était depuis maintenue.
Désormais, les experts pensent que les implications à moyen et long terme pour Londres de cet exode pourraient être profondes.
Fin février, la banque d’investissement Goldman Sachs déclara que, d’après ses estimations, les taux de vacance dans la ville prendront plusieurs années à se normaliser.
Source de l’image : standard.co.uk