Le leader de la ferme crevettière malgache, c’est Unima. La société a créé sa première ferme crevettière aquacole (Aqualma) au début des années 1990, la première du genre dans le canal du Mozambique. Depuis, Unima a opéré un développement transversal pour contrôler toute sa chaîne de production, de l’amont jusqu’à l’aval, dans une logique qui concilie l’extrême qualité des produits avec le développement local et la protection de l’environnement.
Le parcours de la crevette Unima
La création de la crevette Unima commence à Moramba (ouvert en 1998) où Unima opère son centre de domestication et de sélection de géniteurs. Vient ensuite le centre de Mifoko (ouvert en 2002) et Nosy-Be, où Unima transfert ses nauplii (larves) pour l’élevage du stade larvaire au stade post-larve. Les crevettes sont ensuite transférées dans les fermes d’élevage de Mahajamba (le site originel d’Aqualma où les premiers bassins apparaissent dès 1991) et Besalampy (lancé en 1999). Lorsque les crevettes d’Unima atteignent leur maturité, elles sont recueillies par un moine à vanne où les eaux des bassins sont vidées, instantanément placées dans de la glace et transférées à l’usine de Besakoa (construite en 1993) pour leur conditionnement, puis vers le site de Mahajanga à partir duquel les crevettes sont exportées vers l’international.
Pour compléter cette chaîne de production, Unima s’est armé depuis 2002 d’une société de progiciels, Gnosys, qui assure le développement de tous les outils informatiques nécessaires à la gestion de ses activités d’élevage. Destinant sa distribution essentiellement à la France et l’Europe, Unima a créé en France en 2006 une usine de cuisson/conditionnement permettant la préparation et l’emballage de ses produits finis directement sur le territoire français. En 2006, Unima lançait également Nutrima, une usine de production d’aliments destinés à l’aquaculture de haute qualité et implantée sur l’île de la Réunion, ici encore un projet qui rapproche la chaîne de production d’Unima à l’État français. Le siège social d’Unima est par ailleurs basé à Paris, ce qui fait que sa crevette, élevée à Madagascar, reste un produit Made in France.
Unima, une histoire quinquagénaire
Bien du chemin a été parcouru par la société Unima, propriété de la famille Ismail originaire d’Inde mais établie de longue date sur la Grande Île. Tout commence en 1973 lorsque la famille – ayant déjà développé avec succès des activités de textile à Madagascar (La Cotona, devenue Socota et gérée par une autre branche de la famille aujourd’hui) – reprend Les Pêcheries de Nosy-Be situées dans le cratère de Nosy-Be. La société n’est alors qu’une petite usine de traitement de crevettes, munie d’installations archaïques et disposant de vieux bateaux.
Dès 1980, la société des Pêcheries de Nossi-Be est devenue un acteur industriel moderne et le second armement de la pêche crevettière à Madagascar. Germine alors l’idée de créer une culture aquacole de la crevette qui prend naissance dès 1986 à Nosy-Be. Fort de ce premier succès, la société se met à la recherche de sites favorables pour développer la culture aquacole crevettière à plus grande échelle. Son dévolu est jeté dès 1990 sur le site de Mahajamba, la création des bassins de l’Aqualma commence dès l’année suivante, et les premières récoltes ont lieu l’année d’après (1992).
Dès lors qu’Unima eut achevé la création de sa chaîne de production de crevettes aquacoles, la société se concentra alors sur la reconnaissance de la qualité de son produit et de sa production. Cela commença en grandes trombes avec l’obtention en 2004 de la certification Label Rouge attribuée par le Ministère français de l’Agriculture et de l’Alimentation, et délivrée aux produits “qui possèdent un niveau de qualité supérieur à celui d’un produit courant similaire”. Les efforts d’élevage aquacole d’Unima paient, la société peut alors commercialiser sa crevette dans la catégorie haut-de-gamme.
L’idéal socio-environnemental d’Unima
Soucieux de participer activement à la préservation de la faune et de la flore malgache et à l’amélioration de la vie des populations ouvrières, la société se lance dès la fin des années 1990 dans un vaste programme environnemental et social visant à rétablir l’équilibre naturel et humain autour de ses activités.
Dès 1997, Unima lance un programme de plantations d’anacardiers (noix de cajou) qui devient Les Vergers d’Anacardiers de Masiloka (Verama) en 2002. L’objectif de cette activité, outre la commercialisation de ses récoltes, répond à une politique d’agro-écologie visant à restaurer la fertilité de sols pauvres et compacts de la péninsule de Masiloka.
Sur le plan humain, le meilleur exemple d’Unima reste le village de Besakoa-Fenoarivo qui jouxte les bassins d’élevage d’Aqualma. Avec l’arrivée d’Unima, le village est passé de 10-15 toits à plus de 750 toits en quelques années, un boom démographique portant la population actuelle du village à plus de 6500 habitants. Pour soutenir une telle croissance humaine, Unima a mis en place un plan d’urbanisme, un dispensaire médical équipé d’une maternité, une école privée accueillant 70% des enfants du village et une école primaire publique, une bibliothèque communale, un système de ravitaillement en produits de première nécessité, un marché couvert, un poste de gendarmerie, des fermes de maraîchage, l’eau potable, un réseau électrique, et une piste d’aviation.
Depuis 2014, après avoir été certifiée par l’ASC (Aquaculture Stewardship Council), la crevette Unima a obtenu le label bio et démarré la distribution de sa propre marque bio Nossi-Bé qu’on retrouve chez les distributeurs français. Attention cependant à votre porte-monnaie : Alors qu’un kilo de crevettes élevées en culture aquacole coûte en moyenne 10 euros le kilo, la crevette Unima peut monter jusqu’à près de 30 euros le kilo, le prix d’une qualité imbattable. Unima distribue ses crevettes essentiellement sur le marché français, mais aussi en Espagne et au Portugal.