Le programme Nord Stream 2 a pour but de doubler la capacité du gazoduc existant, le Nord Stream, grâce à une nouvelle conduite allant de la Russie à l’Allemagne en passant par la Baltique. Mercredi 22 mars, lors d’une rencontre avec le dirigeant du groupe de produits chimiques BASF, un partenaire potentiel de ce projet, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que le gazoduc Nord Stream 2 avait pour but d’être rentable et ne constituait aucunement une offensive contre d’autres pays.
Nord Stream 2, « intégralement commercial »
Moscou veut multiplier par deux le volume du gazoduc actuel qui parcourt le fond de la mer Baltique jusqu’à l’Allemagne et ce, dans le but de contourner l’Ukraine, la route du transit du gaz russe à destination de l’Allemagne. Toutefois, ce dessein a suscité des doutes en Europe, surtout parmi les anciens pays communistes comme la Pologne. Ceux-ci essaient de se passer d’énergie importée en provenance de leur ancien suzerain soviétique. Lors d’une réunion au Kremlin, Vladimir Poutine a déclaré au président de BASF, Kurt Bock : « Je sais que vous soutenez l’expansion du projet Nord Stream qui est intégralement de nature commerciale. »
Le groupe Gazprom a constitué un consortium avec BASF et d’autres compagnies pour ce nouveau gazoduc qui, d’après certains gouvernements européens, risque d’augmenter la dépendance au gaz venu de Russie, au profit de l’Allemagne mais en sapant l’unité européenne concernant les questions énergétiques. Début mars, la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager a affirmé que Nord Stream 2 était un projet commun pour toute l’Union Européenne.
#NordStream2. Le #gazoduc que la Commission n'aime pas. Politiquement. https://t.co/7rfPHdGS1j
— Céline Bayou (@CBayou) March 31, 2017
« Je veux souligner que ce projet n’est dirigé contre aucun de nos partenaires », a dit Vladimir Poutine, ajoutant que la Russie était prête à faire transiter son gaz à traeres l’Ukraine. Bock a répondu au leader russe qu’il souhaitait le succès de Nord Stream 2, ajoutant que ce projet se justifiait par l’accroissement de la consommation de gaz en Europe. Il a ainsi fait écho aux commentaires de Wintershall, dont BASF est une filiale. Plus tôt ce 22 mars, son administrateur en chef Mario Mehren a déclaré que la compagnie cherchait toujours des moyens de soutenir Nord Stream 2 après que l’opposition polonaise l’an dernier l’ait poussée à se retirer du projet.
Jusqu’à 110 milliards de mètres cubes de gaz par an
Nord Stream 2 est programmé pour fonctionner en 2019 afin de transporter jusqu’à 110 milliards de mètres cubes de gaz par an. Ce volume est à mettre en perspective avec le record de 179,3 milliards de mètres cube de gaz fournis par la Russie à l’Europe et à la Turquie l’an dernier. Gazprom était accompagné dans ce projet par l’allemand Uniper, l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et le français Engie. L’accord d’actionnariat a été abandonné le 12 août 2016 suite à des plaintes de la Pologne. L’autorité à la concurrence de cet État a émis un avis défavorable, considérant que Nord Stream 2 « pourrait conduire à une restriction de la concurrence et renforcer davantage la position de négociation de Gazprom » concernant la transmission de gaz à la Pologne.
L’administrateur en chef de Gazprom, Alexandre Medvedev a déclaré à Reuters en janvier que la compagnie reprenait ses projets concernant Nord Stream 2 et attendait des financements de la part de ses partenaires européens.
Gazprom et ses partenaires sont convaincus de l’utilité de ce projet pour le système d’énergie européen. Les alliés de Gazprom en Europe cherchent des solutions à titre individuel pour y prendre part. D’après ces partenaires favorables à Nord Stream 2, l’abandon de la coentreprise « n’aura pas d’impact sur la poursuite » de cette construction de gazoduc dans les délais initialement prévus.
D’après le quotidien danois Politiken, la commission européenne aurait dernièrement proposé aux pays membres de rediscuter avec la Russie.